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La fin des bilatérales, un “réveil brutal” comme le Brexit

Philipp Müller préoccupé par l'avenir des relations entre la Suisse et l'UE (archives). KEYSTONE/MARCEL BIERI sda-ats

(Keystone-ATS) Les conséquences du Brexit britannique doivent servir d’avertissement, a lancé dimanche l’ex-président des libéraux-radicaux Philipp Müller. “Une anticipation de ce que la Suisse pourrait vivre en cas de perte des accords bilatéraux”, selon lui.

La réaction courroucée de Bruxelles vis-à-vis de la Grande-Bretagne, les complications en matière d’accès au marché européen, les supputations des firmes ou encore les transferts de places de travail, autant d’éléments qui font dire à Philipp Müller dans la NZZ am Sonntag que “les insulaires (britanniques) se sont fourvoyés”.

Selon lui, il faut s’attendre à des réactions similaires si les accords bilatéraux de la Suisse avec l’Union européenne sont dénoncés. “Ensuite, le réveil sera brutal”, alerte-t-il. “Et ceux qui pensent que de tels accords ne sont pas importants pourraient tout à coup devenir très nerveux”, poursuit l’Argovien.

Préférence nationale limitée

L’effet du Brexit conforte Philipp Müller dans son opinion qu’il faut éviter de remettre en cause l’accès au marché européen: “55% de nos exportations vont dans des pays de l’UE, d’où l’importance d’un accès à ce marché”. Mais pour l’avoir, il faut mettre en oeuvre de l’initiative de l’UDC contre l’immigration de masse sans mettre en péril l’accord de libre circulation des personnes.

Et l’ancien président du PLR de revenir une nouvelle fois sur sa proposition d’une préférence nationale restreinte sur le marché du travail. “Celle-ci doit être limitée dans le temps et à des secteurs et des régions qui connaissent un chômage très important”.

L’Argovien est convaincu qu’une telle proposition peut être acceptable pour l’UE: “la compatibilité avec l’accord de libre circulation dépend uniquement de la question de savoir si nous le décidons unilatéralement ou si c’est le comité mixte sur demande de la Suisse”. Vu qu’il s’agit d’une mesure limitée dans le temps et dans sa portée, elle devrait au fond pouvoir recevoir l’aval des représentants de l’UE.

Le Parlement se penche encore sur d’autres mesures pour limiter la libre circulation et l’immigration de personnes provenant de pays tiers, ce qui fait pour Philipp Müller un paquet crédible pour mettre en oeuvre l’initiative de l’UDC.

Concrètement, Philipp Müller reprend l’idée qui voudrait que les places vacantes soient annoncées à l’avance aux offices régionaux de placement avant d’être publiées plus largement. “Nos chômeurs en profiteraient directement sans que la libre circulation, et donc les bilatérales, ne soient fondamentalement remises en question.”

Compatibilité pas sûre

Cette idée est actuellement en discussion dans la commission des institutions politiques du Conseil national. Mais, la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga a tempéré l’espoir qu’une préférence indigène soit compatible avec l’accord de libre circulation.

M. Müller se montre en outre surpris que le conseiller fédéral radical Johann Schneider-Ammann favorise une clause de protection comme se la représente le professeur de l’EPFZ et ancien ambassadeur Michel Ambühl. “Les nombreux critères, comme le niveau salarial ou une comparaison avec l’immigration dans l’UE, rendent le modèle très compliqué”.

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