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La fin du plancher est une catastrophe pour les milieux économiques

(Keystone-ATS) Les milieux économiques déplorent avec véhémence l’abandon du taux plancher. C’est un tsunami, pour le directeur général de Swatch Group Nick Hayek, une catastrophe pour Swissmechanic. Pour l’USS et Travail.Suisse, la décision de la Banque nationale suisse (BNS) menace les salaires et les emplois.

L’abolition du cours plancher de 1,20 franc pour un euro ouvre la porte à la spéculation sur les devises, estime l’Union syndicale suisse (USS) dans un communiqué. L’industrie d’exportation et le tourisme s’en trouveront affectés.

Les salaires et les emplois dans les secteurs actifs dans l’exportation sont menacés, a indiqué la faîtière. Un risque de déflation est à craindre.

Travail.Suisse craint également pour l’emploi en Suisse. La faitière exhorte donc le Conseil fédéral à tout mettre en oeuvre pour éviter une appréciation incontrôlée du franc, quitte à utiliser des moyens comme le contrôle des flux de capitaux.

Erosion des marges pour les entreprises

Swissmechanic juge catastrophique la décision de la BNS. Sans le taux plancher, un affaiblissement encore plus important de la monnaie unique par rapport au franc pourrait se révéler fatal aux PME de l’industrie des machines.

L’association patronale demande à la BNS de reconsidérer sa décision. “Il n’est pas possible que nos PME – la colonne vertébrale de notre économie – soient ainsi abandonnées”.

Pour l’association faîtière Swissmem, “la manière d’agir de l’institut financier contredit les annonces et les garanties formulées encore récemment”, a indiqué à l’ats Ivo Zimmermann, porte-parole de l’organisation de l’industrie des machines, des équipements électriques et des métaux.

Le franc suisse surévalué à 1,20 représente déjà un défi pour beaucoup d’entreprises. S’il augmente encore plus, il sera difficile de rester compétitif. Et l’érosion des marges se poursuivra, ajoute Swissmem.

Pour economiesuisse, la décision de la BNS est incompréhensible au moment actuel. Au vu des tensions sur les marchés financiers et de l’incertitude entourant l’avenir de la zone euro, il faut s’attendre à ce que le franc reste durablement surévalué.

La Fédération des entreprises suisses relève qu’il reste à espérer que la décision de revenir à des cours de change plus ou moins flexibles se révélera juste. “Un retour à une politique monétaire avec un taux plancher serait en tout cas difficile”.

Un tsunami

De son côté, le directeur général de Swatch Group, Nick Hayek, évoque un “tsunami pour l’ensemble de la Suisse”. “Les mots me manquent”, a confié Nick Hayek, patron du groupe horloger biennois. “Jordan n’est pas seulement le nom du président de la BNS mais aussi celui du fleuve Jourdain, en allemand Jordan. Et ce que la BNS provoque là, c’est un tsunami.”

De manière générale, l’horlogerie suisse est très inquiète des conséquences pour le secteur. La branche exporte près de 95% de sa production, rappelle Jean-Daniel Pasche, président de la Fédération de l’industrie horlogère suisse (FH).

“Nous relevons en outre que le choix de la BNS intervient dans un contexte européen difficile pour nous. Nos principaux marchés européens comme l’Allemagne et la France accusent déjà de fortes baisses. En outre la situation reste aussi difficile en Asie”, a ajouté le président de la FH.

Tourisme touché de plein fouet

L’association hotelleriesuisse estime que la réévaluation du franc va toucher durement la branche hôtelière orientée vers l’exportation. Une telle situation atteint de plein fouet la compétitivité du secteur.

Pour la Fédération suisse du tourisme, le risque que les touristes se détournent de la Suisse pour se rendre dans d’autres destinations est grand. “Le tourisme est la quatrième branche d’exportation en Suisse”, souligne-t-elle.

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