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La forêt suisse en expansion depuis plusieurs années

En Suisse, la forêt recouvre environ un tiers du territoire (archives). KEYSTONE/ALEXANDRA WEY sda-ats

(Keystone-ATS) En début de semaine, le Global Forest Watch annonçait que la perte des surfaces forestières dans le monde avait atteint un nouveau record en 2016. En Suisse, la situation est tout autre. La forêt ne cesse de gagner du terrain.

Selon le dernier rapport forestier, la forêt suisse s’est étendue de 7% entre 1995 et 2015. Elle couvre 1,31 million d’hectares, soit près d’un tiers du territoire. Sur le Plateau et en basse altitude, la surface forestière est restée plus ou moins stable.

C’est surtout dans les Alpes, en particulier au-dessus de 1800 mètres, que les arbres gagnent du terrain de manière significative, explique Meinrad Abegg, chercheur à l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL). Ils se répandent dans les pâturages autrefois dévolus à l’agriculture et désormais inexploités.

Selon un rapport de 2015 de l’Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture, plusieurs pays européens de même que les Etats-Unis, la Russie et la Chine ont également enregistré des gains de surface forestière entre 1990 et 2015. Depuis 1990, les augmentations ont eu lieu principalement dans régions tempérées alors que les pertes concernent avant tout les zones tropicales.

Protégée depuis 1876

Le rapport forestier 2015 note que, “dans les régions densément peuplées du Plateau et des centres alpins, la surface forestière subit de plus en plus la pression des agglomérations et des infrastructures”. Si la forêt a pu se maintenir dans ces endroits, c’est parce qu’elle est protégée par la loi.

En Suisse, une surface forestière ne peut pas être coupée et affectée à un autre usage, explique M. Abegg. Elle ne peut par exemple pas être transformée en terre agricole ou en quartier résidentiel. Et de mentionner que la forêt helvétique est protégée par la loi depuis 1876. L’introduction du charbon comme source d’énergie a facilité sa protection, précise-t-il.

Assouplissement

Suite au constat que la forêt gagne du terrain, la loi a été modifiée et quelque peu assouplie. Depuis 2013, elle autorise par exemple le défrichement sans compensation pour “récupérer des terres agricoles sur des surfaces conquises par la forêt au cours des 30 dernières années”.

La loi donne également la possibilité aux cantons de demander une délimitation de la forêt “là où, en dehors des zones à bâtir, le canton veut empêcher une croissance de la surface forestière”. Les arbres qui poussent au-delà de cette limite pourront être coupés.

Quant à savoir s’ils le seront effectivement, rien n’est moins sûr. M. Abegg rappelle que les forêts croissent surtout en altitude dans des régions peu desservies. Couper des arbres dans ces zones entraîne des coûts que le bois ainsi récolté, généralement de mauvaise qualité, ne couvre de loin pas.

Insectes et changement climatique

Selon le Global Forest Watch, l’augmentation importante (+51%) des pertes de surfaces forestières par rapport à l’année précédente est surtout due aux nombreux incendies qui ont sévi en 2016.

En Suisse, le feu n’est pas la principale menace qui pèse sur la forêt. Certes les espaces boisés du sud des Alpes y sont plus particulièrement exposés, mais les surfaces abîmées par les flammes sont négligeables, estime M. Abegg.

Les maladies et insectes introduits de l’étranger, tel le capricorne asiatique, représentent une menace bien plus grave, relève le chercheur. Le changement climatique constitue aussi un défi pour la forêt. Le WSL est en train d’étudier son impact et les risques qu’il implique.

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