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La Française Audrey Azoulay élue directrice générale

Audrey Azoulay l'a emporté face au Qatari Hamad ben Abdelaziz al Kaouari (archives) KEYSTONE/EPA/GUILLAUME HORCAJUELO sda-ats

(Keystone-ATS) La Française Audrey Azoulay a été élue vendredi directrice générale de l’Unesco. En proie à des luttes intestines, l’institution onusienne basée à Paris est affaiblie au lendemain du départ surprise des Etats-Unis et d’Israël.

Pour le vote final des 58 membres du conseil exécutif de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), l’ancienne ministre de la Culture de François Hollande était opposée au Qatari Hamad ben Abdelaziz al Kaouari. Elle a obtenu 30 voix, contre 28 à son opposant. Sa nomination sera officialisée le 10 novembre prochain.

Audrey Azoulay, énarque diplômée de Sciences Po et de Paris Dauphine, avait le soutien du président Emmanuel Macron, qui a fait de l’éducation une de ses priorités.

“Félicitations (…)! La France continuera à se battre pour la science, l’éducation et la culture dans le monde”, a écrit le président français sur Twitter.

Restaurer la crédibilité

Mme Azoulay est la deuxième femme à la tête de l’organisation, après la Bulgare Irina Bokova à qui elle succède. Elle aura pour première tâche de restaurer l’autorité d’une institution devenue peu audible en dehors de son classement des sites remarquables au patrimoine mondial.

Soulignant que l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture traversait des temps difficiles, Mme Azoulay a déclaré lors d’un bref discours à l’issue de son élection: “Dans un moment de crise, il faut plus que jamais s’impliquer, chercher à la renforcer, et non pas la quitter”.

“(…) La première chose que je ferai sera de m’attacher à restaurer sa crédibilité, la confiance des Etats membres, son efficacité, afin qu’elle puisse agir, parce qu’elle est la seule à pouvoir le faire de façon durable sur les enjeux qui sont ceux de notre monde”, a-t-elle souligné.

La nouvelle patronne de l’Unesco devra dépasser les rivalités politiques qui minent l’institution et surtout régler son problème de financement.

En annonçant jeudi leur intention de quitter l’Unesco, les Etats-Unis et Israël ont accusé l’organisation onusienne de discrimination anti-israélienne.

Programmes réduits

Les Etats-Unis, plus gros contributeur, avaient décidé en 2011 de suspendre leur cotisation annuelle – 80 millions de dollars, près d’un quart du budget – après l’admission de la Palestine comme Etat membre de plein droit.

Depuis, l’Unesco a dû réduire certains programmes, geler les embauches et faire appel aux contributions volontaires. L’organisation emploie quelque 2000 personnes à travers le monde. Son budget pour 2017 était de 326 millions de dollars (318 millions de francs), soit près de la moitié du montant de 2012.

“Nous devons faire moins avec moins. Nous avons passé trop de temps à essayer de faire beaucoup trop de choses sans en avoir les moyens”, déclare un responsable de l’Unesco qui a requis l’anonymat. “Nous devons mieux nous vendre, mais, sans financement, il sera difficile de changer notre image.”

Sujets qui fâchent

Les sommes dues à l’Unesco atteignent, selon son site internet, un total de près de 650 millions de dollars, dont 542 millions d’arriérés des Etats-Unis. Rien ne dit que les Etats-Unis s’acquitteront de leur dette avant leur sortie officielle le 31 décembre 2018, entend-on à l’Unesco.

De gros contributeurs comme le Japon, le Royaume-Uni et le Brésil n’ont pas encore versé leurs contributions pour 2017.

Des résolutions, qui ont à plusieurs reprises suscité l’ire d’Israël et alimenté les tensions avec les Palestiniens, ne sont qu’une partie des nombreuses questions qui fâchent.

Le Japon, par exemple, a déploré l’inscription du massacre de Nankin sur le registre “Mémoire du monde” de l’Unesco. La Russie et l’Ukraine sont également en bisbille au sujet de la Crimée, Kiev accusant Moscou d’essayer de légitimer son annexion du territoire par le biais de l’Unesco.

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