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La géniale inspiration de Valon Behrami

(Keystone-ATS) Genève – En football, la frontière entre zéros et héros est parfois ténue. Dimanche, le destin de l’équipe de Suisse dans son premier match du Mondial s’est joué sur l’inspiration géniale de Valon Behrami.
Malheureux lors des deux dernières Coupe du monde, le Tessinois ne fut pas vraiment à son avantage face à l’Equateur jusqu’à cette incroyable action au bout du temps additionnel. Il sauve son camp sur un tacle qui aurait pu, s’il n’avait pas été aussi bien effectué, lui coûter un nouveau carton rouge, avant d’initier la rupture décisive au cours de laquelle il a eu le réflexe extraordinaire de se relever immédiatement après le véritable attentat dont il avait été la victime.
Comme le reconnaissait Ottmar Hitzfeld, gagner de la sorte change toute la donne. Une telle victoire peut vous procurer un sentiment d’invulnérabilité. Dans cette Coupe du monde qui a vu cinq équipes lors des onze premiers matches s’imposer après avoir concédé l’ouverture du score, les Suisses peuvent croire aujourd’hui que tout est possible. A commencer par un succès devant la France à Salvador qui leur assurerait pratiquement la première place du groupe et leur permettrait d’éviter un affrontement contre l’Argentine de Lionel Messi en huitième de finale.
Battre la France n’est pas une mission impossible pour cette équipe de Suisse qui n’a perdu que quatre de ses… trente-trois derniers matches. La victoire ne sera toutefois possible que si les leaders de l’équipe – à l’exception de Diego Benaglio – jouent dans un autre registre qu’à Brasilia. Stephan Lichtsteiner fut, ainsi, à la peine tout au long de la rencontre face à Montero, le meilleur Equatorien. En ligne médiane, Valon Behrami et Gökhan Inler ont accusé un déchet presque inhabituel. Inler a joué peut-être un cran trop haut pour trop laisser Behrami orchestrer la manoeuvre.
Quant à Xherdan Shaqiri, il n’a pas su être décisif dans un match débridé qui aurait dû lui permettre de briller de mille feux. Il lui manque encore un petit quelque chose pour donner la pleine mesure de son talent. Heureusement, le temps joue pour lui. Ecarté des terrains de début avril à fin mai, le Bavarois devrait monter en puissance au fil des matches. Vendredi, le duel qu’il livrera à Patrice Evra, sans doute le maillon faible de la défense tricolore, sera l’une des clés du match.
Ottmar Hitzfeld n’aura aucune hésitation avant d’arrêter ses choix pour la rencontre contre la France. Johan Djourou a pleinement justifié sa confiance. Certes coupable sur le but équatorien avec un marquage de zone qui n’a pas vraiment fonctionné, le Genevois fut remarquable dans les duels aux côtés de l’admirable Steve Von Bergen. En ligne médiane, Admir Mehmedi devrait, cette fois, être aligné d’entrée. Auteur de l’égalisation si cruciale juste après la reprise, le Zurichois donne bien d’autres assurances que Valentin Stocker, décidément incapable de s’affirmer sous le maillot de la sélection comme il le faisait si bien sous celui du FC Bâle.
“Notre banc est une véritable richesse”, se félicite Ottmar Hitzfeld. La meilleure nouvelle du match de Brasilia fut bien le grand retour aux affaires de Haris Seferovic. Buteur providentiel contre l’Equateur comme il le fut une année plus tôt à Genève devant Chypre, le Lucernois revient pratiquement de nulle part. L’homme qui a donné le titre à la Suisse au Championnat du monde M17 en 2009 au Nigeria n’a pratiquement pas quitté le banc des remplaçants de la Real Sociedad cette année. “Son manque de temps de jeu lui pèse, souligne le sélectionneur. Mais depuis trois semaines que nous sommes ensemble, j’ai noté qu’il retrouvait peu à peu ses sensations”. Entre le “fantôme” qui avait joué contre la Jamaïque le 30 mai et l’homme qui a surgi à la 94e minute le 15 juin à Brasilia, le contraste fut, en effet, saisissant.

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