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La gestion des RH à l’office de détention n’est pas satisfaisante

Des faiblesses dans la gestion des ressources humaines de l'office cantonal de la détention de Genève apparaissent dans un rapport de la Cour des comptes publié jeudi. KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI sda-ats

(Keystone-ATS) A Genève, un rapport de la Cour des comptes met en lumière des faiblesses dans la gestion des ressources humaines au sein de l’office cantonal de la détention (OCD). Une culture d’entreprise unifiée fait défaut.

“Le pénitentiaire est un domaine en forte évolution avec un cadre encore en construction”, a souligné jeudi devant la presse François Paychère, magistrat à la Cour des Comptes. Le monde carcéral genevois est passé en quelques années d’un seul grand établissement, Champ-Dollon, à plusieurs.

Pour faire face, les effectifs de l’OCD ont pris l’ascenseur passant de 538 emplois à temps plein en 2012 à plus de 800 en 2016. “C’est un cas unique dans l’administration genevoise”, a relevé M.Paychère. Une direction centralisée des ressources humaines de l’OCD a été mise en place en 2013, mais elle peine à instaurer une véritable culture d’entreprise.

Tout d’abord, le cadre légal et réglementaire ne favorise pas la mobilité des agents de détention soumis à deux statuts différents, qui varie selon la période d’engagement. Conséquence, les plus expérimentés se retrouvent à Champ-Dollon et les plus jeunes dans les nouveaux établissements de Curabilis et de la Brenaz.

Une nouvelle loi qui devrait être débattue d’ici la fin de l’année au Grand Conseil devrait toutefois clarifier la situation. La Cour des Comptes recommande aussi à la direction générale de l’OCD de développer la communication interne pour instaurer un sentiment d’appartenance à une même équipe.

Formation critiquée

Les magistrats critiquent aussi le concept de formation des agents de détention. Les objectifs pédagogiques sont trop vagues et des doublons existent entre la formation genevoise et celle dispensée au niveau du concordat latin, relève M. Paychère.

La formation continue, les critères de promotion et le traitement des sanctions disciplinaires sont aussi dans la ligne de mire. L’enquête de la Cour des comptes a également perçu “un malaise important” et “une situation de souffrance d’une partie du personnel encadrant”.

Un autre audit

Ce n’est pas la première fois que l’administration en charge de la détention est sévèrement critiquée. En 2012, un audit externe avait épinglé la direction générale de ce qui était alors l’office pénitentiaire. Une restructuration complète avait été préconisée.

La direction générale avait alors été renforcée, mais l’office avait rapidement été confronté aux démissions successives de deux directeurs généraux. Plusieurs cadres avaient aussi quitté le navire.

Un nouveau directeur, Philippe Bertschy, est entré en fonction en mai 2015. Ce dernier estime que l’audit présenté jeudi n’est pas sévère. “Il est juste”, a-t-il répété plusieurs fois devant la presse. Les seize recommandations de la Cour ont été acceptées.

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