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La grève des cheminots reste très suivie en France

Avec 43% de grévistes lundi parmi les personnels indispensables à la circulation des trains - conducteurs, contrôleurs, aiguilleurs -, le mouvement faiblit légèrement par rapport à la première séquence de mobilisation mardi et mercredi derniers (48%) (archives). KEYSTONE/EPA/ETIENNE LAURENT sda-ats

(Keystone-ATS) La grève des cheminots s’annonce encore très suivie lundi, quoiqu’en légère baisse au quatrième jour de mobilisation. Parallèlement, débute l’examen à l’Assemblée nationale d’une réforme ferroviaire que le gouvernement entend mener “jusqu’au bout”.

Avec 43% de grévistes lundi parmi les personnels indispensables à la circulation des trains – conducteurs, contrôleurs, aiguilleurs -, le mouvement faiblit légèrement par rapport à la première séquence de mobilisation mardi et mercredi derniers (48%). D’après la SNCF, si la mobilisation des conducteurs – 74% de grévistes lundi – est intacte, celle des autres métiers faiblit, selon un “phénomène assez classique”.

Par conséquent, le trafic reste toujours “très perturbé”, mais moins que la semaine dernière. Un TGV sur cinq, un Transilien et un TER sur trois et un Intercités sur six doivent rouler. Mercredi, seulement un TGV sur sept et un TER sur cinq circulaient. Ces perturbations avaient vidé certaines gares, mais aussi donné lieu à des scènes de cohue dans d’autres.

Soutien des députés de gauche

Cette quatrième journée de grève tombe, ce lundi, en même temps que l’arrivée du projet de “nouveau pacte ferroviaire” à l’Assemblée nationale, en première lecture. Après son passage en commission, l’examen en séance plénière doit débuter à 16h00.

CGT-Cheminots et SUD-Rail, qui appellent à un rassemblement en début d’après-midi aux abords du Palais Bourbon, ont de nombreux relais parmi les députés de gauche, dont la plupart soutiennent la cause des cheminots. Communistes et Insoumis, en première ligne, ont déposé de nombreux amendements pour le maintien du statut de cheminot pour les nouveaux embauchés.

Outre la fin des recrutements au statut, grévistes et partis de gauche déplorent la volonté du gouvernement de transformer la SNCF en société anonyme à capitaux publics et d’ouvrir le secteur ferroviaire à la concurrence. Les opposants à la réforme accusent le gouvernement de vouloir, à terme, privatiser la SNCF. “Fantasme”, leur répond la ministre des Transports Élisabeth Borne.

Dialogue de sourds

Dimanche soir, pour la première fois depuis le début du conflit, un représentant du gouvernement, Christophe Castaner (Relations avec le Parlement), et un leader des grévistes, Laurent Brun (CGT Cheminots), ont débattu publiquement, sur la plateau de LCI, comme le réclamait la CGT. Résultat: un dialogue de sourds, chacun accusant l’autre de rester sur des “postures dogmatiques”.

Face à cette situation bloquée, le président Emmanuel Macron va entrer dans l’arène jeudi, lors d’un entretien d’une heure au journal de 13h00 de TF1. Le gouvernement ira “jusqu’au bout” de sa réforme, a de nouveau assuré Édouard Philippe dimanche. Il a estimé que les grandes lignes de la réforme n’étaient “pas négociables” et que la discussion n’était possible que pour “parler des modalités”.

Pour l’heure, la concertation lancée par l’exécutif est qualifiée de “mascarade” par les syndicats qui sont sortis furieux de la dernière réunion vendredi, estimant qu’aucune négociation véritable n’était possible. Pour le président de l’Assemblée nationale, François de Rugy (LREM), c’est au contraire la CGT “qui a toujours refusé de négocier”.

Laurent Brun n’exclut pas de prolonger le mouvement “au-delà du mois de juin”. En principe, la grève devrait connaître une pause mardi matin, pour reprendre jeudi soir. Mais SUD-Rail plaide toujours pour un mouvement reconductible chaque jour au lieu de la grève deux jours sur cinq décidée par l’intersyndicale.

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