Des perspectives suisses en 10 langues

La Grande barrière de corail a surmonté cinq épisodes “mortels”

Ecosystème unique, la Grande barrière de corail a fait face à cinq épisodes mortels en 30'000 ans mais a pu se régénérer d'elle-même, grâce notamment à sa capacité à migrer de 0,2 à 1,5 mètre par an, selon cette étude (archives). KEYSTONE/EPA AAP/JAMES COOK UNIVERSITY sda-ats

(Keystone-ATS) La Grande barrière de corail a survécu à cinq épisodes “mortels” liés au climat au cours des 30’000 dernières années. Cependant, elle pourrait bien ne pas faire preuve de suffisamment de résilience face au déclin qu’elle connaît actuellement, selon une étude.

Le gigantesque récif le long de la côte est de l’Australie est l’écosystème corallien le plus important au monde – plus grand que l’Italie – et le plus diversifié de la planète avec des millions de formes diverses de vie marine.

Au cours des dernières années, le joyau environnemental a souffert d’une épidémie d’étoile de mer invasive (acanthaster pourpre), de la sédimentation, de la dégradation de la qualité de l’eau, de l’acidification de l’océan mais surtout de deux vagues de blanchiment successives en 2016 et 2017.

L’étude scientifique qui lui est consacrée, publiée dans la revue Nature Geoscience, a été menée sur une décennie et est la première à reconstruire l’évolution du récif sur les dernières 30 millions d’années. La recherche passe en revue la réponse des coraux à des changements environnementaux majeurs et abrupts.

Elle se déplace

Il s’en dégage que la Grande barrière de corail s’est adaptée à des changements soudains par le passé en se déplaçant sur les fonds marins, à mesure que le niveau des océans montait ou descendait.

Le récif fait donc preuve de résilience aux changements environnementaux comme les variations du niveau de la mer ou des températures de l’eau, davantage que ce qui était estimé auparavant au travers d’autres études.

Sa capacité de résilience est toutefois toujours sujette à question en matière de survie au déclin actuel des récifs coralliens, selon Jody Webster, le chercheur principal et professeur associé de l’Université de Sydney.

“Graves inquiétudes”

Il exprime de “graves inquiétudes” quant à la capacité du récif dans sa forme actuelle à “survivre à la vitesse du changement causé par de nombreux stress et ceux anticipés dans un avenir proche”.

L’étude s’est basée sur des données collectées sur des fossiles de récifs coralliens de 16 sites proches de Cairns et Mackay dans l’Etat du Queensland, selon la communication de l’université. La recherche a porté sur le dernier épisode glaciaire maximum, soit il y a 20 millions d’années, quant le niveau de la mer était 118 mètres sous le niveau actuel, à l’émergence du récif moderne, il y a 9000 ans.

La Grande barrière a fait face à cinq épisodes mortels mais a pu se régénérer d’elle-même grâce à la continuité des habitats du récif et sa capacité à migrer de 0,2 à 1,5 mètre par an, établit l’étude.

Attraction touristique

Toutefois, il est peu probable que la formation puisse survivre au niveau actuel de réchauffement de la température de l’eau, au déclin de la couverture corallienne, aux successions de blanchiment, à l’appauvrissement de la qualité de l’eau et à l’augmentation des flux de sédiments, depuis l’arrivée des colons européens, en concluent les scientifiques.

La Grande barrière de corail est une attraction touristique majeure en Australie, qui génère plus de 4,5 milliards de francs par an et plus de 64’000 emplois. Le gouvernement australien a annoncé au début du mois débloquer une enveloppe de 340 millions de francs pour contribuer à restaurer et protéger cet écosystème unique.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision