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La jeune Pakistanaise accusée de blasphème libérée sous caution

(Keystone-ATS) Rimsha Masih, une jeune chrétienne accusée de blasphème antimusulman au Pakistan, a obtenu vendredi sa libération sous caution. La police a arrêté il y a quelques jours un imam soupçonné d’avoir organisé un coup monté pour la faire arrêter.

On ignore quand la jeune fille sera relâchée. Elle pourrait être en danger si elle retourne dans son village, explique-t-on. Il arrive régulièrement dans le pays que des personnes soupçonnées de blasphème, même innocentées par la justice, soient lynchées par la foule.

Si la caution, fixée à un million de roupies (environ 17’000 francs), est versée, Rimsha Masih sera réunie avec sa famille dans un lieu qui sera tenu secret pour des raisons de sécurité, a précisé un responsable du gouvernement.

Cette décision ne concerne pas le fond de l’affaire, donc la culpabilité ou l’innocence de la jeune fille, car “l’enquête de la police est toujours en cours”, a précisé un des avocats de Rimsha, Raja Ikram. Il a ajouté que l’adolescente ne pouvait pas quitter le pays à ce stade.

Passible de prison à vie

Les avocats de Rimsha et de son accusateur avaient présenté dans la matinée leurs arguments devant le juge pendant plus de deux heures, dans un petit tribunal d’Islamabad où s’entassaient environ 80 personnes perlant de sueur.

La jeune fille illettrée, âgée d’environ 14 ans selon des médecins qui l’ont examinée, est emprisonnée depuis trois semaines après avoir été accusée par des voisins d’avoir brûlé des versets du Coran dans son quartier pauvre de la périphérie de la capitale. Ce geste est considéré comme un crime et passible de la prison à vie au Pakistan.

Polémique sur la loi

L’affaire a connu un développement spectaculaire le week-end dernier lorsque la police a écroué l’imam de la mosquée voisine de la jeune chrétienne. Il est accusé d’avoir lui-même introduit des pages du Coran dans les feuilles brûlées que lui avait rapportées un voisin, afin “d’expulser” les chrétiens du quartier. L’imam a brièvement comparu devant un tribunal dimanche avant d’être placé en détention provisoire pour deux semaines.

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