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La justice française refuse la libération de Jacqueline Sauvage

Jacqueline Sauvage, ici en décembre 2015, est devenue en France un symbole des violences conjugales (archives). KEYSTONE/EPA REPUBLIQUE DU CENTRE via MAXPPP/PHILIPPE RENAUD sda-ats

(Keystone-ATS) La demande de libération conditionnelle de Jacqueline Sauvage, condamnée à dix ans de prison en France pour le meurtre de son mari violent, a été rejetée vendredi. Cette décision surprend après la grâce partielle accordée en janvier par le président François Hollande.

Le tribunal d’application des peines de Melun, en région parisienne, n’a pas suivi les réquisitions favorables du parquet à la remise en liberté de cette femme, devenue en France un symbole des violences conjugales.

Aujourd’hui âgée de 68 ans, Jacqueline Sauvage avait tué en 2012 son mari de trois coups de fusil dans le dos. Il lui avait fait subir pendant 47 ans des violences, notamment sexuelles. Ses quatre enfants en avaient également été victimes. Mme Suavage avait été reconnue coupable en première instance, comme lors d’un procès en appel en décembre 2015.

Appel prévu

Le parquet va faire appel du verdict de vendredi, a indiqué la procureure de Melun, Béatrice Angelelli. “Ce qui ressort de la décision, c’est qu’il lui est reproché de ne pas avoir confirmé qu’elle avait finalement choisi de commettre ces faits”, ont dit ses avocates, Me Nathalie Tomasini et Janine Bonaggiunta.

Lors du procès en appel, l’avocat général avait demandé la confirmation de la condamnation. Il jugeait que “la légitime défense n’est absolument pas soutenable”.

Les avocates de Jacqueline Sauvage, Me Nathalie Tomasini et Janine Bonaggiunta ont dénonçé “un véritable acharnement judiciaire” de magistrats “qui probablement règlent leurs comptes, car la grâce présidentielle a été extrêmement mal perçue par l’ensemble de la profession”.

Plusieurs personnalités politiques se sont aussi indignées. La maire socialiste de Paris Anne Hidalgo, par exemple, a jugé la décision “incompréhensible”. L’association féministe Les Effronté-e-s s’est dite “accablée et scandalisée” par le rejet de la demande de libération.

Vague de mobilisation

Sa condamnation en appel avait suscité une vague de mobilisation initiée par ses trois filles, qui avaient témoigné à charge contre leur père, entrepreneur d’une société de transport, tué à 65 ans. Les milieux féministes avaient évoqué un “déni de justice”.

La demande de grâce présidentielle formulée par ses filles avait été appuyée par de nombreux parlementaires et personnalités. Une pétition “Libérez Jacqueline!” avait recueilli 400’000 signataires en France.

Face à cette intense campagne, François Hollande avait accordé le 31 janvier une grâce présidentielle “partielle” à la sexagénaire. Cette grâce partielle permettait à Jacqueline Sauvage de présenter immédiatement une demande de libération conditionnelle.

Jacqueline Sauvage avait subi une expertise psychologique et médicale afin d'”évaluer” sa “dangerosité”. A l’issue de cette évaluation, la commission pluridisciplinaire des mesures de sûreté avait émis un “avis défavorable” à sa libération.

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