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La maintenance nécessite un effort financier supplémentaire

Les entreprises de transports suisses ont besoin de 13,2 milliards entre 2017 et 2020 pour rattraper le retard pris dans l'entretien de leur réseau (Archives). KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI sda-ats

(Keystone-ATS) La maintenance du réseau ferroviaire a accumulé beaucoup de retard ces dernières années. La branche des transports publics a rappelé les défis auxquels elle doit faire face, alors que le Parlement fédéral doit se prononcer sur un crédit de 13,2 milliards pour 4 ans.

“On parle aujourd’hui beaucoup de l’évolution du réseau. Mais le gros des moyens dépensés chaque année part dans la maintenance de notre réseau ferré national, géré par plusieurs entreprises de transports”, a souligné Michel Joye, président de l’Union des transports publics (UTP) qui réunit 120 entreprises de la branche, lors d’une conférence de presse lundi à Lausanne.

La priorité a longtemps été donnée au développement du réseau, a-t-il ajouté. Avec FAIF, la tendance est désormais inversée.

Volume d’entretien plus important

Le contrat de prestation 2017-2020 prévoit 13,2 milliards, dont 7,6 milliards pour les CFF. “C’est une somme colossale”, a ajouté Philippe Gauderon, responsable CFF infrastructure. L’Office fédéral des transports et les gestionnaires d’infrastructure se sont mis d’accord sur cette enveloppe financière indispensable pour entretenir le réseau.

Les entreprises de transports espèrent que cet important montant leur sera accordé sans qu'”un parlementaire n’ait l’idée de retrancher un demi-milliard”, a noté M. Gauderon. Car certes, ce montant est supérieur de 15% à celui de la convention 2013-2016. Mais les moyens restent limités, vu la nécessité d’assurer un volume d’entretien plus important.

L’infrastructure ferroviaire est de plus en plus sollicitée. Les trains circulent plus fréquemment, plus rapidement, avec plus de voyageurs. Si les analyses montrent que la sécurité est assurée sur tous les réseaux ferroviaires, l’état du réseau est à la fois très neuf et vieillissant à d’autres endroits, a constaté le responsable.

Rattraper le retard

Depuis 1995 et jusqu’en 2011, l’entretien a été insuffisant, pour des raisons d’économie et de priorité donnée à Rail 2000. Il faudra de nombreuses années pour rattraper le retard, selon M.Gauderon. Il a évoqué une stabilisation à l’horizon 2020 pour une mise à niveau vers 2030.

Les entreprises doivent également répondre aux exigences fédérales, comme la loi sur les personnes handicapées (LHand). En Suisse romande, seules 40% des gares sont conformes, a détaillé le responsable. Les CFF espèrent atteindre un taux de 65% en 2020.

Etre plus efficaces

Si elles demandent un crédit important, les entreprises ferroviaires s’engagent de leur côté à faire preuve de toujours plus d’efficacité dans la gestion des travaux d’entretien, avec à la clé des économies à hauteur de 600 millions de francs.

De nouvelles mesures prévoient d’accroître le volume des soins préventifs, comme le bourrage du ballast et le meulage des rails. Elles permettent d’allonger la durée de vie des installations et de faire baisser à long terme les coûts de maintenance. Les CFF prévoient également de supprimer 500 postes dans l’administration, mais sans licenciements secs, a rappelé M.Gauderon.

Autre exemple, les CFF avaient jusqu’à ici systématiquement privilégié les travaux de nuit. Ce procédé plus long et plus coûteux laissera place plus régulièrement à des interruptions complètes de circulation pendant la journée. Cela permet des interventions plus compactes, mieux coordonnées et moins onéreuses, a expliqué le responsable.

Interruptions de longue durée

Les Transports publics fribourgeois (TPF), entreprise régionale qui entretient un réseau de 100 km, privilégient également des interruptions de trafic de longue durée hors période scolaire pour leurs interventions. L’expérience a été menée avec succès sur la ligne Morat-Anet, a expliqué Vincent Ducrot, directeur général des TPF.

En sept semaines, des travaux conséquents ont été réalisés avec à la clé la mise en service de la gare de Belfaux-Village, première gare compatible avec la LHand. Un scénario identique est prévu cet été sur la ligne Palézieux Châtel-St-Denis.

Pour les TPF, le besoin de financement supplémentaire pour le rattrapage en matière d’entretien est le double des sommes actuellement allouées, a précisé M.Ducrot.

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