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La patronne de BKW ne veut plus du canton de Berne

Selon Suzanne Thoma, le nucléaire ne peut survivre que grâce à des subventions massives des pays (archives). KEYSTONE/ALESSANDRO DELLA VALLE sda-ats

(Keystone-ATS) La patronne de BKW, Suzanne Thoma, souhaite que le canton de Berne se retire du groupe énergétique qu’elle dirige. Selon elle, l’investissement des pouvoirs publics dans ce secteur fait peser un risque immense sur les épaules des contribuables.

“Ce n’est pas raisonnable que les pouvoirs publics restent investis dans ce domaine. Une grande majorité de nos activités sont sur le marché libre. Et nous y affrontons une concurrence très rude et globale”, explique dimanche la directrice générale, dans une interview au Matin Dimanche. BKW plaide, d’ailleurs, pour une libéralisation intégrale du marché.

Selon Suzanne Thoma, les pouvoirs publics n’ont guère d’influence sur la stratégie et l’implémentation de l’entreprise. “Nous sommes cotés en Bourse et près de la moitié de nos actionnaires sont surtout préoccupés par notre rentabilité. C’est très difficile et malsain de vouloir se soustraire à cette pression entrepreneuriale”, ajoute-t-elle.

Revenant sur la sécurité de l’approvisionnement électrique, la patronne de BKW concède que la situation deviendra compliquée dans les dix prochaines années. Si en été la Suisse a trop d’électricité, en hiver le déficit de production risque de s’accroître, d’autant que l’Allemagne et la France disposeront de moins de capacités pour exporter leur courant.

Nucléaire pas rentable

Interrogée sur le nucléaire, la directrice générale indique qu’il est entré dans une phase de libéralisation. Et selon elle, le nucléaire ne peut survivre que grâce à des subventions massives des Etats.

En ce qui concerne le financement de la désaffectation de la centrale nucléaire de Mühleberg, la firme a constitué des réserves de plus de 830 millions de francs. BKW assumera l’entier des coûts, selon Mme Thoma.

Sur le plan de l’hydraulique, le groupe bernois ne s’est pas montré intéressé par les barrages d’Alpiq car il ne souhaite pas augmenter sa part de production hydraulique, une stratégie qualifiée de risquée. “En outre, l’expérience montre qu’il est difficile de réduire les coûts lorsqu’on n’est pas majoritaire. Quand vous êtes minoritaire, une des conditions de l’offre d’Alpiq, c’est beaucoup plus difficile”, relève Suzanne Thoma.

Pour se développer, l’entreprise table toujours sur les prestations de services. “Miser uniquement sur la vente d’électricité est devenu une stratégie trop risquée”, précise la patronne des ex-Forces motrices bernoises. D’autant plus qu’il n’est pas certain à ses yeux que la consommation d’électricité va continuer d’augmenter. “Elle va probablement demeurer stable”, souligne encore Suzanne Thoma.

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