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La plus grande banque de cornées de Suisse se trouve à Olten

En Suisse, le nombre de dons de cornées n'est encore pas assez élevé pour répondre à la demande. Keystone/DPA dpa/JULIAN STRATENSCHULTE sda-ats

(Keystone-ATS) Le don et la transplantation d’organes font partie de la pratique médicale quotidienne. Pourtant, peu de gens savent que la cornée du défunt peut également être prélevée pour être ensuite transplantée chez un patient souffrant d’une maladie de la vue.

La fondation Keradonum, basée à Olten (SO), met à disposition depuis environ neuf ans une banque de cornées. Depuis sa création, 450 personnes ont pu retrouver leur vue. Ce nombre pourrait rapidement augmenter: en Suisse, chaque année, quelque 1000 personnes ont besoin d’une nouvelle cornée.

Etant donné que les donneurs manquent en Suisse, les cornées sont souvent importées de l’étranger. Des 475 cornées employées l’année passée, trois quarts venaient de l’étranger, selon l’Office fédéral de la santé publique (OFSP).

Une sur deux inutilisable

Cependant, tous les tissus donnés ne sont pas utilisables. Depuis sa création, la fondation a collecté en Suisse un millier de cornées à des fins de diffusion. Mais seulement la moitié d’entre elles ont pu être utilisées. Ce taux est encore plus bas en ce qui concerne les cornées moins chères livrées de l’étranger.

La qualité est très importante, explique Cyrill Jeger, ophtalmologue et président de Keradonum. Une cornée peut être utilisée seulement si elle contient suffisamment de cellules. La qualité de la vue du donneur n’est en revanche pas déterminante.

Des maladies transmissibles du donneur ou des opérations de l’oeil antérieures ont rendu certaines cornées inutilisables, dit-il. En outre, de nombreux tissus importés de l’étranger sont de mauvaise qualité.

“La qualité de nos cornées est élevée”, affirme M. Jeger. “Nous planifions de courts trajets. Les cornées sont cultivées de sorte que les cellules puissent survivre et les contaminants bactériens être immédiatement détectés.

Aussi à Lausanne

Chaque cornée coûte à la fondation Keradonum environ 7500 francs. Cela comprend tous les coûts engagés pour le prélèvement, le contrôle de la qualité, la publicité ainsi que les frais administratifs. Les coûts des cornées qui ne peuvent pas être utilisées sont également inclus dans cette somme.

Pour une cornée, la fondation facture 3200 francs. Elle est en réseau avec de nombreuses cliniques et spécialistes qui se procurent de tels tissus à Olten. D’autres banques de cornées plus petites existent à Lausanne, Berne, Zurich et Lucerne.

Conservées jusqu’à trois semaines

Etant donné que les cornées ne sont pas irriguées, elles sont viables beaucoup plus longtemps. Elles peuvent être conservées jusqu’à trois semaines, contrairement aux organes. Le prélèvement peut survenir jusqu’à 36 heures après la mort de la personne.

Les proches peuvent ainsi dire calmement au revoir au défunt. Lors du prélèvement, un morceau de la taille d’une pièce de vingt centimes est coupé de l’oeil. Ensuite, une lentille est insérée à sa place et l’œil refermé.

Pour transplanter la cornée, un morceau de tissu d’environ huit millimètres de diamètre est coupé chez le récepteur au moyen d’un couteau spécial ou d’un rayon laser. Une lamelle de tissu préparée à partir de la cornée du donneur est placée dans le trou qui en résulte et cousue avec des fils très fins.

Après environ un an à un an et demi, le tissu du donneur est guéri. Les fils peuvent être enlevés. La vue se développe lentement mais sûrement. Selon M. Jeger, les greffes de cornée entraînent beaucoup moins de réactions de rejet que les transplantations d’organes.

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