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La police genevoise va subir une réorganisation profonde

(Keystone-ATS) L’actuelle organisation de la police genevoise appartient au passé. Les Genevois ont décidé dimanche de restructurer de fond en comble l’institution. Ils ont accepté la nouvelle loi sur la police à une très courte majorité de 50,02%. L’écart entre le oui et le non est seulement de 42 voix. Ce résultat est une victoire pour le conseiller d’Etat responsable de la sécurité Pierre Maudet.

Il constitue en revanche un désaveu amer pour les puissants syndicats de la police, qui s’étaient démenés pour bloquer la réforme. Le Mouvement citoyens genevois (MCG), l’UDC et Ensemble à gauche, qui se trouvaient tous dans le camp du non, subissent également un revers particulièrement cruel.

“La fin du match est sifflée dès lors que le peuple voté”, a relevé devant la presse Pierre Maudet. Le conseiller d’Etat s’est dit soulagé par le résultat sorti des urnes, soulignant que la nouvelle loi n’était ni “une loi contre la police, ni une loi pour la police, mais une loi sur la police pour la population”.

Campagne difficile

La campagne a été agitée, a noté M. Maudet, avec de très nombreux fronts différenciés, qui ont généré passablement de confusion. Mais “un jalon a été franchi, s’est-il réjoui. L’organisation de la police a longtemps hanté et déchiré le monde politique genevois. “Maintenant, nous pourrons consacrer davantage de temps à la lutte contre l’insécurité”.

Contrairement aux élections, le recomptage des voix n’est pas automatique lors des votations, même si l’écart est infime. La commission électorale, qui contrôle tout le processus, devra valider les résultats lundi soir, avant que le Conseil d’Etat ne lui emboîte le pas mercredi, a expliqué la chancelière Anja Wyden Guelpa.

Cette dernière n’a toutefois pas exclu la possibilité d’un nouveau dépouillement des bulletins des locaux de vote. Les votes par correspondance ou par internet sont décomptés par des machines.

Le oui a recueilli 55’758 suffrages, contre 55’716 pour le non. La participation au scrutin s’est élevée à 47,2%, soit une mobilisation des électeurs relativement faible par rapport aux récentes votations, au cours desquelles la participation avait dépassé les 50%.

Organisation par spécialités

La police genevoise disposera désormais d’une organisation dite “en silos” (délimitation des services par spécialité), une structure qui a aussi été adoptée par d’autres polices. L’institution sera découpée en cinq entités. Parmi les nouveaux services figurent la police de proximité, la police routière et police-secours.

La police internationale et la police judiciaire sont conservées dans l’organigramme. En revanche, la nouvelle loi sonne le glas pour la gendarmerie, qui disparaît après 200 ans d’existence. La nouvelle organisation doit, selon le gouvernement, renforcer “notablement l’efficacité de la police.

Les adversaires de la réforme contestent cette vision des choses. Selon eux, la nouvelle structure créera “des doublons, des hiérarchies inutiles” et un cloisonnement, qui nuiront au travail des forces de l’ordre. La nouvelle loi instaure aussi une formation unique de base pour l’ensemble des policiers, qui se spécialiseront ensuite dans les différentes filières. La mobilité interne des employés au sein de l’institution sera ainsi facilitée.

Postes sous vidéosurveillance

Les policiers auront en outre l’obligation de porter le matricule. Par ailleurs, les postes de police seront placés sous vidéosurveillance, “afin de protéger les policiers contre les dénonciations abusives, mais aussi garantir le respect des droits des citoyens”.

Les syndicats de police, de leur côté, craignent une perte d’influence avec l’instauration d’une commission du personnel.

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