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La pratique du religieux se diversifie sans disparaître

(Keystone-ATS) Alors que les lieux de culte traditionnels se vident en Suisse, les croyances religieuses et spirituelles se maintiennent en se diversifiant. Plus d’une personne sur cinq (22%) déclare ne pas avoir de religion, mais parmi elles, seul un tiers se dit athée.

La grande majorité des personnes âgées de 15 ans ou plus va peu ou pas à l’église pour y suivre un service religieux collectif. Selon l’enquête publiée vendredi par l’Office fédéral de la statistique (OFS), 30% n’y sont jamais allés en 2015, et 41% entre une et cinq fois.

Mariages, baptêmes ou enterrements sont les événements sociaux qui attirent ces “visiteurs occasionnels” dans un lieu de culte. Dans les moments difficiles de la vie, plus d’une personne sur deux cherche du réconfort dans la religion ou la spiritualité. En dehors de ces événements exceptionnels, 14% des catholiques, 7% des protestants et 12% des musulmans participent au moins une fois par semaine à un service religieux.

Musulmans touchés par la sécularisation

Sur les douze derniers mois précédant le sondage, près d’un musulman sur deux n’a participé à aucun service religieux collectif. Pourtant “fréquenter la mosquée le vendredi est obligatoire pour les hommes et facultatif pour les femmes”, a précisé à l’ats la spécialiste de l’islam, Mallory Schneuwly Purdie.

“Les musulmans sont influencés par le contexte socio-religieux en Suisse, donc par la sécularisation. Les mosquées comme les églises perdent de leur pouvoir à édicter la norme”, a poursuivi la jeune femme.

Comme pour les fidèles des autres religions, l’individualisme pousse les musulmans à pratiquer selon leurs besoins personnels. Enfin cette communauté, plutôt jeune, est moins attirée à se rendre à la mosquée que leurs aînés.

De leur côté, les membres des Eglises évangéliques se distinguent par une pratique beaucoup plus intense de leur religion que les autres croyants. Ils sont 72% à suivre un office religieux au moins une fois par semaine. Quelque 34% prient plusieurs fois par jour et 51% tous les jours ou presque.

Sans confession mais pas sans spiritualité

En Suisse, près de 22% des sondés déclarent ne pas avoir de religion, mais seuls un tiers d’entre eux se dit athée et un quart agnostique. Les femmes semblent plus croyantes et plus spirituelles que l’autre moitié du ciel, selon cette enquête, menée en 2014, et qui fait partie du programme de relevés du recensement fédéral de la population.

Plus des deux tiers de la population sont des chrétiens, avec 38% de catholiques et 26% de réformés. Ils sont 5,7% issus de diverses autres Eglises chrétiennes, comme les orthodoxes, et 1,7% d’évangéliques. Les musulmans sont 5%.

L’enquête ne dit rien sur la pratique religieuse juive, car l’échantillon de près de 16’000 personnes interrogées est trop faible pour être significatif, selon une collaboratrice de l’OFS. Les juifs ne représentent en effet que 0,2% des habitants. Restent toutes les autres religions, des hindouistes aux bouddhistes qui rassemblent le 1,3% restant, selon les chiffres de l’OFS établis entre 2012 et 2014.

Gris-gris et guérisseurs

Enfin certaines pratiques relevant du spirituel varient selon les régions. Le recours à un guérisseur est plus populaire en Suisse romande (13% l’ont fait fait au cours des douze derniers mois) qu’en Suisse alémanique (4%) et en Suisse italienne (5%).

En revanche, l’utilisation d’objets apportant chance, protection ou guérison a davantage la cote auprès des Alémaniques. L’OFS en a comptabilisé 23% en Suisse alémanique contre 20% au Tessin et 19% en Suisse romande.

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