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La presse romande prend acte du réveil des peuples

Les prévisions du tabloïd britannique The Sun se sont avérées exactes KEYSTONE/AP/TIM IRELAND sda-ats

(Keystone-ATS) Les éditorialistes romands ne se montrent pas autrement surpris par le résultat du référendum vendredi en Grande-Bretagne. Pour la plupart, le Brexit sonne le réveil des peuples européens.

“Depuis plus de dix ans, la colère des peuples européens gronde. Et les dirigeants de l’Union européenne n’entendent rien et regardent ailleurs. Avec le vote des Britanniques (…), les leaders politiques européens ne peuvent plus faire semblant”, constatent La Tribune de Genève et 24 Heures.

Et les quotidiens lémaniques d’appréhender d’ores et déjà une fausse sortie de crise: “Malheureusement, ces leaders risquent de donner une mauvaise réponse à ce choc en proposant une plus grande intégration européenne. Ce n’est pas ce que les peuples attendent. Les peuples veulent que leur industrie, leurs emplois, leurs conditions de vie, leur sécurité soient mieux défendus en Europe”.

Flegmatique

Pour Le Temps, “les vraies conséquences économiques du Brexit seront diluées entre après-demain et les deux prochaines années. Un peu de flegme s’impose”. “Keep calm and slow down…”, prescrit le journal. “Du flegme ? Il en faudrait un peu plus. Certes, les mouvements sont brusques et des pertes, il y en aura. Mais cela ne devrait pas forcément durer”.

Et Le Temps de poser en aparté cette question pleine de bon sens: “Le Brexit peut-il empêcher les Britanniques d’acheter des montres et de venir passer des vacances en Suisse? Cela reste à prouver”.

L’Agefi adopte un ton grave: “Le Royaume-Uni va peut-être y laisser son unité, l’UE aussi, et c’est bien de cela qu’il s’agit: il faudra compter dix ans de détricotage et de brume en Europe. Avec les inconnues inhérentes à ce genre de situation, ce qui ne va certainement pas favoriser la conjoncture globale”.

L’Hebdo, lui, entame son édito par une interrogation: “Quelle Europe voulons-nous ?” Et de constater amèrement que “l’Europe fiscale, budgétaire et sociale n’existe toujours pas (…) La monnaie est le miroir d’un peuple, elle n’est pas son horizon. La charrue a été mise avant les bœufs”, observe-t-il.

“De même, poursuit-il, les nations que certains ‘bons esprits’ croyaient mortes et enterrées sont toujours bel et bien dans le cœur des peuples. Il suffit de voir l’Eurofoot pour s’en convaincre !”

Allemagne isolée

Enfin, pour Le Matin, “le principal problème de l’Europe, c’est qu’elle s’est construite sur un idéal pas toujours compatible avec la volonté populaire (…) Le Royaume-Uni incarne bien cette ambivalence”, note-t-il.

Il conclut: “Ce 24 juin 2016, l’Europe a perdu un de ses poids lourds. Alors que la France et l’Italie sont incapables de faire contrepoids, l’Allemagne va se retrouver bien seule comme leader d’un colosse non seulement aux pieds d’argile, mais en plus amputé”.

Période d'”incertitudes”

Outre-Sarine, le Brexit est aussi largement évoqué. La NZZ fait état d’une période “d’incertitudes” également en ce qui concerne le suivi de l’accord bilatéral avec la Suisse car, déplore le journal zurichois sur son site, “Bruxelles a maintenant d’autres soucis”.

Son concurrent, le Tages Anzeiger, qualifie le Brexit “d’ère nouvelle, de tremblement de terre et de moment historique”. Et le quotidien, qui avance le terme de “cercle vicieux”, de prédire des lendemains difficiles pour plusieurs gouvernements européens.

La presse bernoise, via la Berner Zeitung, résume l’état des lieux: “c’est grave pour la Grande-Bretagne, un problème existentiel pour le Club de Bruxelles et une calamité pour le monde économique”.

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