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La proportion de femmes et d’enfants augmente (UNICEF)

(Keystone-ATS) La proportion de femmes et d’enfants parmi les migrants qui se rendent en Europe par la route des Balkans augmente, a affirmé mercredi la coordinatrice de l’UNICEF. Elle a lancé un appel urgent à un soutien supplémentaire au seuil de l’hiver.

La proportion de femmes et d’enfants migrants recensés en ex-République de Macédoine a passé de 36% en septembre à 44% en octobre, a précisé la coordinatrice spéciale de l’UNICEF pour la crise des enfants réfugiés et migrants en Europe Marie-Pierre Poirier. Le nombre total de migrants enregistrés en Macédoine a doublé d’un mois sur l’autre.

Depuis le début de l’année, 190’000 enfants ont demandé l’asile en Europe, soit 700 par jour, a précisé l’UNICEF, soit le quart des 760’000 réfugiés et migrants qui ont traversé la Méditerranée depuis janvier. Marie-Pierre Poirier a plaidé pour que la protection de ces enfants fasse l’objet d’une attention spéciale.

“L’hiver arrive, les nuits sont déjà très froides, il faut d’urgence des vêtements chauds, des générateurs pour chauffer les locaux, des couvertures, de la nourriture”, a déclaré à Genève Mme Poirier, de retour d’une mission sur le terrain.

Elle a décrit des migrants “épuisés”, “effrayés”, pressés d’arriver au bout de leur voyage, s’entassant dans des trains et des bus, anxieux que les frontières se ferment brutalement. Quelques dizaines d’enfants chaque jour sont séparés de leurs parents dans la cohue. Heureusement, la plupart d’entre eux sont retrouvés.

Tarifs des passeurs en baisse

“Il n’y a pas d’indication que ce flot ininterrompu va s’arrêter”, a-t-elle affirmé. Selon elle, les passeurs ont baissé leurs tarifs. Des migrants ont indiqué à l’UNICEF que les prix ont passé de 4000 ou 5000 euros à mille euros pour le voyage, ce qui facilite l’exode des plus démunis.

Elle a évoqué des routes alternatives, si la mer devient trop agitée et trop dangereuse entre la Turquie et la Grèce pendant l’hiver. Les migrants pourraient se rendre par voie terrestre de la Turquie en Bulgarie, a-t-elle dit.

Des progrès ont été réalisés dans l’accueil des enfants au cours du long périple balkanique à travers cinq pays, la Grèce, la Macédoine, la Serbie, la Croatie et la Slovénie, a indiqué la représentante de l’UNICEF. Mais il faut faire beaucoup plus.

L’agence de l’ONU juge que la situation est particulièrement chaotique en Grèce, où les risques d’abus sont plus élevés. Une mission spéciale a été envoyée en Grèce pour y renforcer la protection des enfants migrants.

Défi sans précédent

Marie-Pierre Poirier a souhaité une plus grande coordination entre les gouvernements européens et une harmonisation des procédures. Les formalités d’enregistrement sont différentes dans chaque pays traversé, ce qui accroît l’anxiété des migrants, a-t-elle déploré.

L’UNICEF est confrontée à un défi sans précédent en Europe depuis la Seconde guerre mondiale. Elle consacre d’habitude l’essentiel de ses ressources aux crises en Afrique ou au Moyen-orient, et l’Europe ne représente que 3% de son budget, a indiqué Mme Poirier.

“Normalement, l’Europe peut s’occuper seule de ses problèmes”, a-t-elle relevé. Elle a salué la contribution sur le terrain de volontaires européens, qui travaillent aux côtés de la Croix-Rouge, du HCR et de l’UNICEF sur la route des Balkans.

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