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La récréation est terminée

(Keystone-ATS) La France ne plaisante plus. Les Bleus ont mis un terme au fantasme insensé de l’Islande en se baladant 5-2 à Saint-Denis en quart de finale de l’Euro pour s’offrir un choc contre l’Allemagne.

Cette fois-ci, cela n’a pas fait un pli. La France, tellement supérieure à tous les niveaux, a rapidement fait comprendre aux Islandais que leur récréation était terminée et qu’ils devaient désormais retourner à leurs études pour laisser les grands entre eux.

Olivier Giroud a planté un premier pieu dans le coeur des Strakarni okkar et de leurs supporters (anciens ou récents) à la 12e, délicatement lancé dans la profondeur par Blaise Matuidi. Muet depuis le début du tournoi, Paul Pogba a assommé les Vikings de la tête à la 20e, survolant Bödvarsson à la réception d’un corner d’Antoine Griezmann.

Puis la défaite promise devint correction. Tir de Payet à l’entrée de la surface, 3-0 à la 43e. Passe dans l’axe de Pogba, astucieuse déviation de Giroud pour un Griezmann partant seul, 4-0 à la 45e. Et première réussite pour le Mâconnais – actuel meilleur buteur de l’Euro (4) – au Stade de France où il n’avait encore jamais marqué auparavant. Atterrissage brutal pour cette Islande suffocante.

Suffocante mais jamais résignée et, en ce sens, son mérite est grand. Ainsi les buts signés Sigthorsson (56e) – le néophyte Umtiti, remplaçant le suspendu Rami, était en retard au marquage – et Bjarnason (84e) – le FC Bâle se frotte les mains… – doivent-ils être considérés comme des cadeaux d’adieu, mais rien de plus. Car, quand les principales cordes que l’on possède à son arc sont les longues touches de son capitaine, cela en dit beaucoup sur ses propres limites que ni le goût de l’effort, ni la solidarité ni le romantisme ne suffisent à masquer.

La France – qui avait encore frappé par Giroud (59e) avant d’adopter la roue libre – n’était pas l’Angleterre, la victime de l’Islande au tour précédent (2-1). La France n’était pas le Portugal embourbé (1-1), la modeste Hongrie (1-1) ou la fantomatique Autriche (2-1), contre lesquels la formation de Lagerbäck et Hallgrimsson avait entretenu l’illusion en phase de poules.

Et ce même si les Bleus n’ont pas vraiment sorti le grand jeu – mais en sont-ils capables? Les Français n’ont jamais dégagé l’impression d’une maîtrise totale, n’ont du reste peut-être même jamais véritablement impressionné. Mais ils ont fait ce que l’on attend d’un favori défié par un nain: en bloquant sans trop de problèmes les vagues tentatives d’incursions adverses et en profitant des évidentes carences d’un soi-disant bloc qui n’en était finalement pas vraiment un, ils ont gagné.

Gagné le droit de s’offrir une de ces revanches qui, selon Didier Deschamps, n’existent pas dans le football. Un France – Allemagne à Marseille l’incandescente, deux ans après le frustrant quart mondial perdu à Maracana (1-0), en demi-finale qui plus est, ce qui ne manquera pas de reconvoquer le souvenir de Séville 1982: non, vraiment, fini de plaisanter.

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