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La Russie lance un mandat d’arrêt international contre Khodorkovski

(Keystone-ATS) La Russie a lancé mercredi un mandat d’arrêt international contre l’opposant au Kremlin et ancien oligarque exilé en Europe Mikhaïl Khodorkovski. L’homme d’affaires est inculpé dans une affaire de meurtre remontant à 1998.

“Un mandat d’arrêt international a été émis à l’encontre de Mikhaïl Khodorkovski”, a déclaré dans un communiqué le porte-parole du Comité d’enquête russe, Vladimir Markine. La justice a également ordonné le placement en détention par défaut de l’ancien PDG du groupe pétrolier Ioukos, a précisé la même source.

Khodorkovski réfute

M. Khodorkovski dément toute implication dans cette affaire. Il “ne limitera d’aucune manière ses déplacements à cause des décisions des vampires du Kremlin”, a réagi la porte-parole de l’opposant, Kulle Pispanen.

La justice russe soupçonne l’ancien patron de Ioukos, qui réside actuellement à Londres, d’être le commanditaire de l’assassinat d’un maire en Sibérie il y a 17 ans, des accusations qu’il dénonce comme “politiquement motivées”.

La victime, Vladimir Petoukhov, était le maire de Nefteïougansk, une ville où était installée une ancienne filiale du groupe pétrolier Ioukos, alors propriété de M. Khodorkovski. L’ancien chef de la sécurité de Ioukos, Alexeï Pitchouguine, a été condamné en 2007 à la prison à perpétuité pour cet assassinat.

M. Khodorkovski est également accusé de tentative d’assassinat de Viatcheslav Kokochkine, le garde du corps de Petoukhov qui était à ses côtés le jour du meurtre, ainsi que de celles en 1998 et en 1999 de l’homme d’affaires Evgueni Rybine, directeur de la compagnie East Petroleum Handelsges basée à Vienne. L’affaire, close en 1998, a été rouverte cet été par le comité d’enquête, qui avaient convoqué début décembre M. Khodorkovski, sans succès, pour un interrogatoire.

Mobile financier

A en croire le porte-parole du Comité d’enquête russe, Vladimir Markine, le mobile de l’assassinat était financier, car le maire demandait à Ioukos de payer des taxes dont le magnat s’affranchissait.

Mikhaïl Khodorkovski a passé près de dix ans en prison après son arrestation en 2003 et sa condamnation pour “vol par escroquerie à grande échelle” et “évasion fiscale”, avant d’être gracié en 2013 par le président Vladimir Poutine. Après avoir affirmé ne pas souhaiter se mêler de politique, M. Khodorkovski a créé un mouvement destiné à rassembler les maigres forces proeuropéennes en Russie.

Intervenant après les accusations lancées par les enquêteurs russes à son encontre, l’ancien oligarque exilé avait appelé à une “révolution” en Russie, dénonçant un “coup d’État” du président Poutine dont il juge le pouvoir “illégitime”.

Perquisitions

Mardi, la police russe a perquisitionné les appartements de plusieurs employés du mouvement Open Russia (Russie ouverte) de M. Khodorkovski. Ces perquisitions sont liées à la procédure de compensation du démantèlement du groupe pétrolier Ioukos et qui a conduit ces derniers mois à la saisie d’actifs de l’Etat russe à l’étranger. Les domiciles d’au moins sept partisans de M. Khodorkovski ont été perquisitionnés.

L’homme d’affaires a dénoncé ces perquisitions, “stade final du délire” des autorités, dans une interview à la radio Echo de Moscou. “C’est assez amusant compte tenu du fait qu’aucun des employés ou militants d’Open Russia n’a travaillé pour Ioukos”, a-t-il déclaré, en soulignant que la plupart d’entre eux étaient des enfants à l’époque.

Plus domicilié en Suisse

En 2014, la Cour d’arbitrage de La Haye a estimé que l’Etat russe avait orchestré le démantèlement du groupe pétrolier pour des raisons politiques. En application de cette condamnation que Moscou rejette, des biens de l’Etat russe ont été depuis saisis à l’étranger, notamment en France, par les anciens actionnaires majoritaires de Ioukos. La semaine dernière, la cour d’appel de Paris a refusé de suspendre ces saisies de biens qui touchent par exemple Arianespace, Eutelsat ou la compagnie Air France.

Mikhaïl Khodorkovski, sa femme et ses enfants avaient élu domicile en Suisse après sa libération, à Rapperswil-Jona dans le canton de St-Gall. Mais depuis octobre dernier, ils n’habitent plus là-bas, a indiqué à l’ats mercredi son ancien porte-parole Werner Schaeppi. Il s’est officiellement désinscrit de la commune et réside depuis à Londres.

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