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La Russie tourmente l’EI et prend des risques avec la Turquie

(Keystone-ATS) La Russie annonce avoir frappé lundi des positions de l’EI et de rebelles en Syrie. Par ailleurs, des incidents aériens à la frontière syro-turque ont irrité Ankara et provoqué la colère de l’OTAN.

Visé par des raids russes dimanche, le groupe Etat islamique (EI) a riposté en démolissant un arc de Triomphe du site antique de Palmyre, classé au patrimoine mondial, dont il s’est emparé en mai. “C’était une icône de Palmyre”, a déploré le directeur des antiquités syriennes. L’EI a déjà détruit deux temples et les trois plus belles tours funéraires de la ville antique.

Neuf cibles en Syrie

Pendant ce temps, Moscou poursuit sa campagne en Syrie, annonçant avoir mené des frappes aériennes sur neuf cibles. Le détail semble indiquer que ces raids ont visé en majorité des positions appartenant à d’autres groupes que l’EI, notamment le groupe armé salafiste Front Al-Nosra.

Selon le ministère russe de la Défense, les frappes visent à “désorganiser la chaîne de commandement et à endommager la logistique des terroristes”.

Chasseurs turcs “harcelés”

De son côté, Ankara a annoncé que des F-16 turcs avaient intercepté samedi un chasseur de l’armée de l’air russe et l’avaient forcé à faire demi-tour. Les autorités turques ont émis “une vive protestation” auprès de l’ambassadeur russe à Ankara.

L’armée turque a par ailleurs signalé que deux chasseurs turcs avaient été “harcelés” dimanche lors d’une mission de patrouille par un MIG-29 non identifié à la hauteur de la frontière syrienne.

L’OTAN a condamné en fin de journée ces violations “irresponsables” et “dangereuses” de l’espace aérien turc. L’Alliance atlantique a aussi demandé à la Russie de cesser immédiatement ses attaques contre l’opposition et les civils syriens et de se concentrer sur la lutte contre l’EI.

Intérêts commerciaux

Le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a prévenu que son pays activerait ses règles d’engagement si son espace aérien était violé à nouveau. Il a cependant précisé que “le dossier syrien ne constitue pas une crise entre la Turquie et la Russie” qui ont d’importants intérêts commerciaux.

Les deux pays ont des points de vue opposés sur la crise syrienne. Ankara veut le départ du président Bachar al-Assad et soutient les rebelles, tandis que Moscou appuie le régime et exècre les rebelles et surtout les djihadistes du Front Al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaïda, et du groupe Etat islamique (EI).

Conflit meurtrier

L’aviation russe mène depuis le 30 septembre des raids officiellement contre le groupe EI. En réalité, elle frappe le plus durement d’autres groupes armés hostiles au régime de Bachar al-Assad, notamment les islamistes et le Front Al-Nosra. En quatre ans, le conflit en Syrie a fait plus de 240’000 morts.

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