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La sonde de la Nasa InSight a atterri sur Mars

La sonde InSight doit écouter l'intérieur de Mars pour tenter de comprendre l'épaisseur et la composition du sol, de la croûte jusqu'au noyau, dont on ignore s'il est liquide ou solide (archives). KEYSTONE/AP NASA sda-ats

(Keystone-ATS) Après près de sept mois de voyage interplanétaire, la sonde de la Nasa InSight a atterri lundi à la surface de Mars. Elle a survécu à la traversée de l’atmosphère de la planète rouge, a confirmé la Nasa depuis son centre de contrôle de Pasadena en Californie.

Explosions de joie et embrassades ont soudain remplacé les sourires crispés au centre de contrôle de la mission situé au Jet Propulsion Laboratory (JPL) à Pasadena (Californie). Quelques minutes plus tard, InSight a envoyé sa première photo prise depuis la surface de la planète, une image brumeuse, sans doute assombrie par le nuage de poussières créé par l’impact, mais où l’horizon est visible.

Les informations ont été retransmises en quasi-direct par deux microsatellites CubeSats qui ont accompagné InSight durant le voyage, et ont servi de relais vers la Terre.

“Rien n’est jamais acquis”

Deux heures avant le début de cette phase critique, la sonde se trouvait encore à plus de 25’000 km de la planète rouge et les ingénieurs de la Nasa ne pouvaient rien faire d’autre que croiser les doigts.

De l’entrée dans l’atmosphère martienne et ses tempêtes de poussière jusqu’au contact avec le sol, tout était en effet pré-programmé. Et toutes les délicates phases d’entrée dans l’atmosphère martienne se sont déroulées conformément aux prévisions.

“Avec Mars, rien n’est jamais acquis. Mars est difficile”, résumait encore dimanche l’Américano-Suisse Thomas Zurbuchen, chef du directorat scientifique de la Nasa, qui a approuvé cette mission de près d’un milliard de dollars.

Atmosphère “traître”

Le dernier appareil à avoir réussi à atterrir sur Mars est le véhicule Curiosity de la Nasa, le seul encore actif sur cette planète voisine de notre Terre. Seuls les Etats-Unis ont réussi à y poser des robots. L’URSS a écrasé plusieurs atterrisseurs, tout comme les Européens, tout récemment en 2016.

“L’atmosphère de Mars est traître, elle est très ténue, elle n’est pas homogène, c’est pour cela que c’est compliqué”, a expliqué le président de l’agence spatiale française, Jean-Yves Le Gall. Le patron du Cnes avait des raisons d’être angoissé: InSight a pour but principal de poser sur la surface martienne un instrument conçu par son agence: le sismomètre SEIS.

Les centaines d’ingénieurs et de scientifiques américains et européens qui travaillent depuis sept ans sur InSight ont dû attendre de longues minutes le premier signal envoyé par l’atterrisseur, preuve qu’il est intact et bien d’aplomb sur ses trois pieds.

Formation de la planète

Dernière étape cruciale: le déploiement, très lent, des deux panneaux solaires de l’engin qui alimenteront ses instruments en énergie. Car un programme de travail chargé attend la sonde. Elle doit écouter l’intérieur de Mars pour tenter de comprendre l’épaisseur et la composition du sol, de la croûte jusqu’au noyau, dont on ignore s’il est liquide ou solide.

Des connaissances qui permettront de mieux comprendre la formation de la planète, il y a des milliards d’années, et par conséquent de la Terre, seule planète rocheuse dont nous avons réellement étudié l’intérieur jusqu’à présent.

L’électronique ultrasensible de l’EPFZ

Le sismomètre de conception française écoutera les plus infimes vibrations du sol, provoquées principalement par les ondes de choc des météorites et les tremblements de terre. Ces ondes dessineront une carte intérieure de la planète.

Différentes équipes européennes ont participé à l’élaboration de cet appareil. L’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) a notamment contribué à son électronique ultrasensible, en collaboration avec l’entreprise SYDERAL SA à Chules (BE). Cette dernière a fourni un boîtier qui permet de contrôler le fonctionnement du sismomètre et de mesurer les mouvements infimes du sol martien.

Comme l’a expliqué à Keystone-ATS Domenico Giardini, professeur de sismologie et géodynamique à l’EPFZ, les ondes captées par le sismomètre permettront de tirer des conclusions sur la densité de la roche et la température à l’intérieur de Mars.

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