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La Suède abandonne les poursuites pour viol contre Julian Assange

Julian Assange parle aux médias depuis le balcon de l'ambassade d'Equateur en février 2016. La procureure Marianne Ny a expliqué avoir jeté l'éponge en raison de l'inefficacité d'une procédure exceptionnellement longue et non pas à la lumière de faits nouveaux sur le fond de l'affaire (archives). KEYSTONE/EPA/FACUNDO ARRIZABALAGA sda-ats

(Keystone-ATS) Rebondissement spectaculaire dans l’affaire Assange: la Suède a abandonné vendredi les poursuites pour viol contre le fondateur de WikiLeaks, réfugié depuis 2012 à l’ambassade d’Equateur à Londres. La police britannique se dit toutefois “obligée” d’arrêter M. Assange.

La procureure Marianne Ny a annoncé devant la presse avoir “décidé de classer sans suite l’enquête pour viol présumé contre Julian Assange” et requis la levée du mandat d’arrêt européen qu’il tentait depuis 2010 de faire annuler. Elle a expliqué avoir jeté l’éponge en raison de l’inefficacité d’une procédure exceptionnellement longue et non pas à la lumière de faits nouveaux sur le fond de l’affaire.

“Toutes les possibilités de faire avancer l’enquête ont été épuisées (…) et il n’apparaît plus proportionné de maintenir la demande de placement en détention provisoire par défaut de Julian Assange ni le mandat d’arrêt européen”, a-t-elle fait valoir dans ses réquisitions.

“Victoire totale”

“C’est une victoire totale pour Julian Assange. Il est libre de quitter l’ambassade quand il veut”, s’est réjoui un avocat suédois de M. Assange, Per Samuelsson. “Il est naturellement heureux et soulagé. Mais il critique le fait que cela ait duré aussi longtemps”, a-t-il déclaré à la radio suédoise SR.

Julian Assange a diffusé sur Twitter une photo de lui-même tout sourire. Pour Christophe Marchand, membre de l’équipe juridique de l’ancien hacker à Bruxelles, “Julian Assange a été victime d’un abus de procédure énorme” et l’abandon des investigations en Suède “marque la fin de son cauchemar”.

Scotland Yard persiste

La police britannique a néanmoins promptement diffusé un communiqué pour faire savoir qu’elle serait “obligée” d’arrêter Julian Assange s’il sortait de l’ambassade équatorienne. Elle l’accuse d’avoir violé en 2012 les conditions de sa liberté sous caution au Royaume-Uni.

WikiLeaks a pris acte de cette mise en garde. “La Grande-Bretagne annonce qu’elle arrêtera Assange quoi qu’il arrive et refuse de confirmer ou de démentir qu’elle a déjà reçu une demande d’extradition des Etats-Unis”, écrit-il sur Twitter.

Julian Assange dénonce en effet une manoeuvre pour le faire extrader vers les Etats-Unis, où il risque d’être poursuivi pour la publication de documents militaires et diplomatiques confidentiels. L’administration Trump a affirmé le mois dernier que son arrestation était une “priorité”. Et elle est en train de monter un dossier d’accusation, selon des médias citant des responsables américains.

Plaignante “choquée”

“Choquée” par la décision du parquet, la plaignante suédoise maintient ses accusations, a affirmé son avocate, Elisabeth Fritz. “C’est un scandale qu’un violeur présumé puisse échapper à la Justice et par là éviter les tribunaux (…) aucune décision pour classer l’affaire ne peut changer le fait qu’Assange a commis sur elle un viol”, a-t-elle indiqué dans un courriel à l’AFP.

La jeune femme, âgée d’une trentaine d’années à l’époque des faits, accuse Julian Assange d’avoir engagé un rapport sexuel non protégé pendant qu’elle dormait dans la nuit du 16 au 17 août. Le cyberactiviste soutient qu’elle était consentante, à la fois désireuse d’avoir une relation sexuelle avec lui, et acceptant de ne pas utiliser de préservatif.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

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