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La Suisse, davantage touchée que la moyenne, a sa carte à jouer

Par rapport à la moyenne mondiale, la Suisse et l'Europe centrale en général sont davantage touchées par les effets du réchauffement. Ici, le Lac des Brenets (NE) en septembre dernier, sept mètres au-dessous de son niveau habituel en raison de la sécheresse. KEYSTONE/ANTHONY ANEX sda-ats

(Keystone-ATS) Pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré, le monde doit réduire ses émissions nettes de CO2 à zéro d’ici 2050. La Suisse, où la hausse des températures est plus prononcée, a sa carte à jouer, selon l’Académie suisse des sciences naturelles (SCNAT).

Avec une augmentation globale de 2 degrés, les extrêmes de chaleur sont nettement plus marqués qu’avec 1,5 degré, ont relevé lundi à Berne des responsables de l’Académie, en marge du rapport spécial du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Cela a de graves conséquences sur la biodiversité, les écosystèmes, la santé et les infrastructures.

Aujourd’hui, on en est à un réchauffement de la planète de 1 degré et on en voit déjà les effets, comme la sécheresse de l’été 2018 en Suisse, a relevé Sonia Seneviratne, chercheuse en science du climat à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ).

Il est donc impératif de limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré. Cela implique une action rapide et des adaptations majeures des comportements et modes de vie.

“En Suisse, le réchauffement est nettement plus élevé que la moyenne mondiale”, a souligné la chercheuse, qui a effectué une évaluation sur la base des données de MétéoSuisse entre 1864 et 2017. Comparant un réchauffement à 2 degrés par rapport à 1,5 degré, elle a calculé que l’évolution en Suisse serait deux fois plus rapide qu’en moyenne globale.

Objectif atteignable

“Même si les mesures annoncées jusqu’à présent par les pays sont loin d’être suffisantes, l’objectif de 1,5 degré reste atteignable avec une réorganisation ciblée et continue”, a ajouté Andreas Fischlin, vice-président du Groupe de travail II du GIEC.

“Beaucoup de ces changements présentent des avantages au-delà de leurs effets positifs sur le climat, en contribuant à la réalisation d’autres objectifs mondiaux de développement durable”, a estimé le spécialiste. “L’an prochain sera décisif si nous voulons obtenir un renversement de tendance”, selon lui.

Tout retard dans l’adoption de mesures augmente non seulement les risques qui en découlent mais limite aussi la marge de manoeuvre pour la politique et la société. Une fois qu’un certain niveau de température a été atteint, celui-ci persiste pendant des siècles, voire des millénaires.

Le seul remède restant réside alors dans les émissions dites négatives qui peuvent être réalisées à l’aide de systèmes techniques et biologiques qui éliminent le CO2 déjà émis dans l’air.

Tradition d’innovation

La Suisse peut faire valoir sa longue tradition en matière d’innovation. L’objectif climatique constitue une opportunité pour développer de nouvelles technologies susceptibles d’être exportées. Le secteur financier peut également jouer un rôle de pionnier, par exemple en rendant l’impact climatique des instruments financiers transparent.

La direction dans laquelle le monde entier doit s’engager pour enrayer le changement climatique est claire: zéro émission nette de CO2, déclare Reto Knutti, chercheur en climatologie à l’EPFZ et président de ProClim, cité dans un communiqué de la SCNAT.

Cela vaut indépendamment du fait que le réchauffement soit finalement limité à 1,5, 2 ou 3 degrés. “Plus vite on arrive à zéro émission, moins le changement climatique et ses effets seront importants.”

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