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La Suisse pourrait ne pas remplir les objectifs de l’Agenda 2030

En Suisse, 615'000 personnes sont touchées par la pauvreté. La Plateforme Agenda 2030 veut que ce chiffre soit divisé par deux d'ici à 2030, en accord avec les Objectifs de développement durable (photo symbolique). KEYSTONE/MARTIN RUETSCHI sda-ats

(Keystone-ATS) La société civile est inquiète. Le développement durable en Suisse est au bénéfice d’une “image beaucoup trop rose”. Déçue par le récent rapport du Conseil fédéral sur l’Agenda 2030, elle a publié mardi son propre compte rendu.

En Suisse, 615’000 personnes sont touchées par la pauvreté, et plus d’1,2 million sont menacées de l’être. La pauvreté reste un des plus importants défis en Suisse d’autant plus que “l’aide sociale se voit désormais soumise à une pression croissante”, selon le rapport de Plateforme Agenda 2030 qui regroupe plus de 40 organisations de la société civile suisse.

L’Agenda 2030 fixe, parmi ses 17 Objectifs de développement durable (ODD), une réduction d’au mois 50% de gens vivant dans la pauvreté. Le rapport demande à la Confédération et aux cantons de reprendre cet objectif et de renforcer la lutte et la prévention contre la pauvreté.

Il demande également une meilleure protection du droit du travail, notamment dans le secteur précaire. Sur la question de l’égalité entre les femmes et les hommes, la Suisse est également en retard et pourrait ne pas avoir supprimé les discriminations salariales d’ici à 2030, craint Regula Bühlmann de l’Union syndicale suisse.

Fuites des recettes fiscales

La Plateforme appelle dans son rapport à une politique conçue “de façon cohérente dans l’optique du développement durable”. Elle demande notamment d’empêcher les fuites des recettes fiscales des pays en développement vers la Suisse.

“On estime que, par l’évasion et la soustraction fiscale, les pays en développement perdent chaque année 200 milliards de dollars de recettes fiscales. Pourtant, ils ont un besoin urgent de cet argent pour la mise en œuvre dans leurs pays”, souligne Eva Schmassman, présidente de la Plateforme.

“Les multinationales ayant leur siège en Suisse doivent assumer leur responsabilité pour le respect des standards environnementaux même à l’étranger et elles doivent être tenues responsables des dégâts causés par elles-mêmes ou leurs filiales”, souligne pour sa part Stella Jegher de Pro Natura. Une mise en place de l’Agenda 2030 ne peut ainsi pas se faire sans le secteur privé.

Onze recommandations

Le rapport de plus de 80 pages de la Plateforme contient onze recommandations pour la mise en œuvre de l’Agenda 2030. En plus du respect des limites de la planète et des droits humains, la Plateforme exige notamment un ancrage institutionnel de l’Agenda 2030 au sein de l’administration fédérale et le renforcement de la cohérence politique pour le développement durable.

L’Agenda 2030 de développement durable, adopté par les 193 Etats membres de l’Organisation des nations unies, est entré en vigueur en janvier 2016. Il réunit dans un même cadre les points clés des Objectifs du millénaire pour le développement et de l’Agenda 21.

Parmi les 17 objectifs figurent l’élimination de la pauvreté et de la faim, la santé, le bien-être et une éducation de qualité pour tous, l’accès pour tous à l’eau et à des services énergétiques fiables et abordables. Les Etats s’engagent aussi à réduire les inégalités, préserver et restaurer les écosystèmes et promouvoir une économie durable.

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