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La Suisse veut mieux informer face au mouvement anti-mondialisation

L'ambassadeur Didier Chambovey, ici à droite du conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann, veut mieux informer sur l'action de l'OMC (archives). KEYSTONE/EPA/AHMAD YUSNI sda-ats

(Keystone-ATS) La Suisse veut mieux informer face au mouvement anti-mondialisation opposé aux accords commerciaux. Son ambassadeur à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) Didier Chambovey en fera une priorité en 2017.

Le maintien des acquis de l’organisation et la défense des intérêts suisses offensifs, notamment sur le commerce électronique, ou défensifs, comme sur les subventions intérieures à l’agriculture, constitueront aussi des axes d’action.

“La communauté internationale, nous négociateurs commerciaux, devons faire notre auto-critique”, estime Didier Chambovey, dans un entretien accordé à l’ats. En Suisse, “nous avons une longueur de retard” sur la mouvance qui lutte notamment contre un Accord sur le commerce des services (TiSA) négocié par 50 pays.

“Il faut dissiper les malentendus et les contrevérités”, dit l’ambassadeur auprès de l’OMC, qui répète qu’il n’est pas question de brader le service public. Il admet aussi des difficultés à toucher le grand public, en rappelant que seules 20% des pertes d’emplois sont dues au commerce mondial.

Et d’ajouter que les échanges internationaux ouvrent de nombreux postes dans les services et les hautes technologies dont la Suisse bénéficie. Sur TiSA, les parties prenantes n’ont pas réussi à aboutir comme souhaité en 2016.

Une proposition européenne sur le flux et la sécurité des données était attendue et les Etats-Unis peinent à faire des concessions sur les prestataires de services ou le transport maritime.

Arrivée de Trump attendue

Il faudra en savoir plus sur la politique commerciale du prochain président américain, ajoute Didier Chambovey. Plus largement, la Suisse semble moins exposée aux sentiments anti-mondialisation, observés notamment au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis. Son économie gagne un franc sur deux à l’étranger, ce qui la rend très “globalisée”, dit l’ambassadeur.

Les inégalités sont moins “criardes” et ne se sont pas creusées depuis 20 ans, grâce notamment à la politique fiscale. Autre explication, le système de formation duale “laisse peu de gens” sur le côté, le marché du travail est flexible et le partenariat social fonctionne.

Le commerce mondial opère lui dans un contexte de chaînes mondiales de valeur ajoutée. Didier Chambovey ne croit pas à une “vague de fond protectionniste”, malgré un ralentissement de la mondialisation, avec un alignement de la croissance des échanges sur celle de l’économie.

A l’OMC, l’une des principales priorités de la Suisse sera de préserver le système de règlement des différends. Plus de 500 plaintes ont été traitées et le dispositif sera opérationnel “tant que les Etats joueront le jeu”, note Didier Chambovey.

Alliés pour la Suisse

Et 2017 verra aussi en décembre la 11e conférence ministérielle prévue à Buenos Aires, en Argentine. Il faudra atteindre une ou plusieurs avancées, selon Didier Chambovey. Dans le paquet qui pourrait être discuté figurent les subventions internes à l’agriculture, le commerce électronique, les subventions à la pêche et quelques dispositions sur les services.

Les premières constituent “un sujet important pour la Suisse”. Après avoir accepté lors de la dernière réunion à Nairobi, au Kenya, d’abandonner en 2020 ses subventions aux exportations agricoles, Berne pourrait se retrouver à nouveau sur la défensive avec ses particularités.

“Nous sommes dans une situation excentrée, mais nous avons des alliés assez importants”, davantage qu’à Nairobi. Japon, Islande, Israël, Corée du Sud et Norvège partagent les mêmes intérêts que la Suisse.

Pêche, électronique ou chimie

La Suisse veut aussi obtenir davantage des Etats-Unis sur les crédits à l’exportation. Mais l’attention ne se porte plus sur ce volet, admet l’ambassadeur.

Berne est par ailleurs intéressée à une avancée sur le commerce électronique. Des discussions auront lieu “d’une manière ou d’une autre”, notamment sur une proposition chinoise axée sur les plates-formes électroniques de distribution des marchandises.

Un accord sur les subventions à la pêche semble aussi possible, celui sur le coton plus difficile. L’accord plurilatéral sur l’environnement (EGA) sera toujours sur la table en 2017, après le manque de consensus récemment à Genève. Comme d’autres, Didier Chambovey défend un arrangement qui concilie développement durable et libéralisation du commerce.

Des discussions exploratoires sur les produits chimiques sont en cours. Selon l’Union européenne, la Suisse serait preneuse et des négociations pourraient démarrer dès les premiers mois de 2017.

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