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La tricherie sur les émissions de CO2 de VW se dégonfle

(Keystone-ATS) Le constructeur automobile allemand Volkswagen a déclaré mercredi ne pas avoir menti sur le niveau d’émission de CO2 de 800’000 voitures, contrairement à ses affirmations de début novembre. Il n’en reste pas moins empêtré dans le scandale des moteurs truqués.

“Après des contrôles internes et mesures complètes, il est dorénavant établi que sur presque tous les modèles, les émissions effectives de CO2 correspondent aux valeurs indiquées” dans les spécifications techniques, selon un communiqué du constructeur.

“Le soupçon de manipulation illégale des données sur la consommation (…) ne s’est pas vérifié”, ajoute le colosse aux douze marques.

Déjà embourbé depuis septembre dans un vaste scandale pour avoir truqué le moteur de 11 millions de voitures pour fausser les tests anti-pollution -sur les émissions polluantes” d’oxydes d’azote (NOx)- Volkswagen avait fait début novembre une autre révélation choc.

Plus de fraude fiscale

A la faveur d’une enquête interne, le groupe avait alors découvert que des voitures émettaient en réalité plus de dioxyde de carbone (CO2) – le gaz le plus montré du doigt dans le réchauffement climatique – qu’indiqué sur leur fiche technique.

A l’époque, le constructeur avait précisé que cela pouvait concerner quelque 800’000 véhicules, y compris des voitures essence, et qu’il lui en coûterait autour de 2 milliards d’euros (2,17 milliards de francs). Ces charges n’ont désormais plus lieu d’être, indique Volkswagen, qui n’exclut toutefois pas un éventuel “impact économique mineur”.

Par ricochet, VW ne devrait plus être soupçonné de fraude fiscale, alors qu’une enquête avait été ouverte fin novembre par la justice allemande contre cinq employés du constructeur.

En effet, comme le prix de la vignette automobile allemande est lié depuis 2009 au niveau d’émission de CO2 de la voiture, si celui-ci avait été en réalité plus élevé qu’affiché, la vignette aurait dû être facturée plus chère.

Réexamen indépendant

Les derniers contrôles réalisés ont quand même trouvé “de légères déviations de mesure sur seulement neuf modèles de la marque Volkswagen”, représentant 0,5% de la production annuelle de celle-ci, poursuit le groupe dans son communiqué. La sous-évaluation de la consommation de carburant et des émissions de CO2 ne concerne ainsi plus que 36’000 de ses véhicules environ.

Ces modèles vont être réexaminés par un service technique indépendant pour vérifier s’ils présentent bien ou pas une variation “de quelques grammes de CO2 en moyenne” (émis par kilomètre) par rapport à ce qui est inscrit dans leurs fiches techniques.

Les marques Audi, Skoda et Seat vont aussi avoir recours à une procédure similaire sur les véhicules initialement soupçonnés.

Le dégonflement de cette tricherie au CO2 poussait l’action Volkswagen au sommet de la Bourse de Francfort. A la clôture, le titre s’envolait de 6,21% à 131,75 euros, reprenant ainsi la moitié des 40% perdus en septembre, alors que l’indice Dax des trente valeurs vedettes de la place cédait lui 0,76%.

Facture totale inconnue

Michael Punzet, analyste chez DZ Bank, souligne que, de son point de vue, “cela n’a aucun lien avec le problème de la tricherie sur les émissions polluantes” de NOx. Dénoncé par les autorités américaines, Volkswagen a admis en septembre avoir équipé onze millions de véhicules, surtout en Europe, d’un logiciel pouvant fausser la mesure du NOx – le début du scandale.

La facture cumulée – avec un gigantesque rappel dès janvier pour la remise aux normes des véhicules, le dédommagement décidé pour les automobiles américaines concernées, ainsi que les multiples procès et amendes auxquels le groupe risque d’être confronté – n’est pas encore connue.

VW a déjà provisionné 6,5 milliards d’euros pour y faire face. Ce qui a fait tomber ses résultats dans le rouge au trimestre dernier, pour la première fois depuis quinze ans.

Si le dégonflement de l’affaire de la tricherie sur le CO2 pourrait apporter un petit répit au nouveau patron de VW Matthias Müller, c’est essentiellement sur le scandale des moteurs truqués qu’il devrait avoir à répondre jeudi, lors d’une conférence de presse prévue à Wolfsburg. Il devrait faire un point sur la recherche interne des responsables de l’affaire et la stratégie du groupe pour en sortir.

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