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La vente en vrac cartonne, les grands magasins restent frileux

Les articles que les petits magasins de vente en vrac proposent sans emballage sont en général des produits non périssables comme des céréales, des pâtes, du thé ou des fruits secs (image symbolique). KEYSTONE/AP/Carolyn Kaster sda-ats

(Keystone-ATS) De nombreuses épiceries spécialisées dans la vente en vrac ont ouvert en 2016 dans le pays, et particulièrement en Suisse romande. Les consommateurs cherchent de nouveaux modèles pour réduire leurs déchets d’emballage. Les grands distributeurs marquent le pas.

La Suisse est le deuxième plus gros producteur de déchets en Europe après le Danemark. En 2014, elle a produit 729 kilos de déchets par habitant, contre 603 kilos en 1990, selon les chiffres les plus récents publiés par l’Office fédéral de l’environnement (OFEV).

Les déchets alimentaires sont une part importante de cette montagne de déchets. S’y ajoutent des emballages toujours plus complexes, composés de plusieurs matériaux difficiles à recycler, explique l’OFEV.

Cette situation est un corollaire de la société de consommation. Les ménages devraient mieux réfléchir à leur façon de consommer, recommande l’office. Ils devraient éviter les emballages multiples provenant principalement de la grande distribution.

Nouvelles bouteilles

Interrogés par l’ats, les groupes de commerce de détail affirment tous s’engager pour réduire la montagne de déchets. Coop a diminué les quantités de plastique pour la fabrication des bouteilles d’eau minérales de ses marques propres.

Le distributeur bâlois a amélioré les emballages de ses barquettes de viande ou de salades, précise un porte-parole. Il a économisé 6500 tonnes de matériaux entre 2009 et 2015, ajoute-t-il.

Migros a optimisé près de 1785 tonnes de matériaux d’emballage depuis 2013. Son objectif est d’arriver à plus de 6000 tonnes d’ici 2020. Le numéro un du commerce de détail a lui aussi changé la forme de ses bouteilles d’eau et privilégie par exemple les sachets aux boîtes de conserve, explique une porte-parole.

Aldi a recours à des conditionnements réutilisables pour les livraisons de produits frais. Pour les légumes, le discounter teste des sachets compostables en cellulose.

Des limites

Ces initiatives ne permettent pas pour autant d’éliminer complètement les emballages. Les distributeurs se disent limités dans leurs efforts. “Nous avons déjà évalué la possibilité d’étendre la vente en vrac”, explique le porte-parole de Coop. Mais ces tests ont été arrêtés pour des raisons d’hygiène. Les mesures d’hygiène nous obligent à proposer de la viande ou du fromage conditionné, poursuit-on chez Lidl.

D’un point de vue purement écologique, se passer totalement d’emballages “n’est pas raisonnable”, ajoute Migros. Ils permettent de protéger les produits du transport et de l’altération, ce qui évite de créer des déchets alimentaires, argumente le géant orange.

Avec un assortiment qui se compose pour les trois quarts d’articles de marque, Denner s’estime dépendant des grands groupes internationaux. Mais la filiale de Migros précise qu’elle a pris des mesures pour réduire les emballages de ses marques propres.

Produits non périssables

Ces limites affectent aussi les petits magasins de vente en vrac. Les articles qu’ils proposent sans emballage sont en général des produits non périssables comme des céréales, des pâtes, du thé ou des fruits secs, ainsi que des produits de nettoyage.

Mais dans ces commerces, pour les produits frais, comme les fromages, la viande ou les fruits et légumes, le client peut apporter son propre contenant. Les grandes surfaces tolèrent cette pratique, mais ne l’encouragent pas, révèle une enquête sur le terrain de la Fédération romande des consommateurs (FRC).

Chez Manor, il est possible, dans certains magasins et pour certains rayons, d’apporter ses propres contenants, explique une porte-parole. La chaîne a adopté de nombreuses initiatives en ce sens dans sa division alimentation.

Marketing

Un facteur prime néanmoins sur tous les autres pour expliquer la frilosité des distributeurs suisses face au zéro déchet: le marketing. L’emballage en est un vecteur puisque c’est lui qui rend un produit désirable et qui le fait vendre.

Il faudrait dissocier la production de déchets de la croissance économique, propose l’OFEV. “C’est non seulement l’environnement qui y gagnerait, mais aussi l’économie, avec une baisse des coûts matériels”. D’après les chantres de la vente en vrac, les produits sans emballage peuvent être vendus entre 10% et 40% moins cher que ceux qui sont emballés.

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