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La zone euro adopte un plan de sortie de crise pour la Grèce

(Keystone-ATS) Les dirigeants de la zone euro ont adopté lundi matin au terme de près de 48 heures de négociations un plan de sortie de crise pour maintenir la Grèce au sein de l’union monétaire. Athènes devra mettre en oeuvre immédiatement un douloureux plan de réformes.

“Le sommet de la zone euro a trouvé un accord à l’unanimité. Nous sommes tous prêts pour un programme d’aide pour la Grèce via le Mécanisme européen de stabilité (MES), avec des réformes sérieuses et un soutien financier”, a indiqué le président du Conseil européen, Donald Tusk lundi matin devant la presse.

“Il y a des conditions strictes à remplir. (…) Cette décision donne à la Grèce une chance de se remettre sur le droit chemin avec le soutien de ses partenaires européens”, a-t-il encore estimé.

Le Grexit a disparu

“L’accord a été laborieux”, a pour sa part reconnu le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. Et d’ajouter, dans une brève déclaration, que “le Grexit a disparu”. “Depuis le début, la Commission n’a cessé d’insister sur le fait que nous ne saurions accepter une quelconque forme de Grexit”.

Au terme d’un sommet convoqué d’urgence et d’une nuit entière de négociations, les chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro ont scellé un accord avec la Grèce tôt lundi. Il permettra de négocier un troisième renflouement visant à maintenir dans la zone euro un pays au bord de la faillite.

Eviter l’effondrement

Du côté grec, le Premier ministre Alexis Tsipras insistait sur le soulagement immédiat que représente l’accord et sur le fait d’avoir obtenu une restructuration de la dette grecque, une demande très difficile à faire accepter par les créanciers.

“Au terme d’une bataille âpre, nous avons réussi à emporter une restructuration de la dette”, a déclaré M. Tsipras à la presse à l’issue de discussions. L’accord est susceptible de produire de nouveaux investissements pour aider le pays à sortir de la récession et éviter un effondrement de son système bancaire, a-t-il ajouté.

“L’accord est difficile, mais nous avons coupé court au mouvement de transfert d’actifs publics à l’étranger. Nous nous sommes épargné un étranglement financier et un effondrement du système bancaire”, a dit encore M. Tsipras.

La pillule est amère

L’aménagement de la dette grecque suscitait de fortes réticences dans certains pays comme l’Allemagne. Mais elle constitue le principal argument du premier ministre grec pour faire accepter par ses compatriotes les nouvelles mesures d’austérité.

Privatisations, coupes budgétaires, libéralisation du marché du travail et de pans entiers de l’économie, la pilule est amère pour la gauche radicale d’Alexis Tsipras qui avait fait de la lutte contre les politiques d’austérité son cheval de bataille devant les électeurs.

Le leader de la gauche radicale grecque a cependant réussi à éviter, lors des négociations, qu’un fonds regroupant des actifs publics grecs destinés à être privatisés soit domicilié au Luxembourg.

Plan de réformes durci

Excédés par les revirements du gouvernement Tsipras au cours de plusieurs mois de négociations, les responsables de l’union monétaire ont obtenu que le Parlement grec adopte d’ici le 15 juillet une réforme de la TVA et des retraites. C’est à ce moment-là seulement qu’ils enclencheront le processus formel d’un troisième plan de sauvetage évalué à 80 milliards d’euros.

Les dirigeants européens redoutaient qu’après l’obtention des fonds, le gouvernement grec n’interrompe la mise en oeuvre des privatisations et des réformes promises à ses créanciers, comme celle des retraites ou de la fiscalité.

Ils ont également durci de manière conséquente le plan de réforme approuvé samedi par le Parlement grec et qui reprenait déjà de nombreuses exigences des créanciers. Ces demandes avaient pourtant été nettement rejetées par les citoyens grecs lors d’un référendum le 5 juillet.

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