Le “Gordo”, la loterie nationale, un baume en période de crise

(Keystone-ATS) Des centaines de mordus sont venus assister samedi en Espagne au tirage de la loterie de Noël, désireux de “conjurer la crise” et d’empocher le “Gordo”, le plus gros lot de l’année. Le pays a retenu son souffle à l’heure du tirage, en direct à la télévision. Deux écoliers en uniforme ont “chanté” le numéro gagnant, 76058.

Au total, 2,466 milliards d’euros (près de 3 milliards de francs) seront répartis cette année, contre 2,682 en 2011, soit 70% des gains perçus pour cette loterie réputée la mieux dotée du monde.

“Cette année encore je n’ai pas gagné mais ce n’est pas grave. On est là avec mes amis pour s’amuser et pour faire les clowns. C’est un peu une façon de conjurer la crise”, a expliqué Enrique Vilches, un retraité de 80 ans déguisé en clown au moment du tirage.

Comme de nombreux autres, Enrique a dépensé beaucoup plus qu’il n’aurait souhaité, la tradition voulant notamment qu’on rende la pareille à celui qui vous a offert un billet.

“J’ai dépensé environ 200 euros mais si ma femme le sait, elle me tue”, a confié Enrique. Car avec leur maigre retraite, 900 euros à deux, Enrique et son épouse aident leurs petits-enfants dont les parents sont au chômage, à l’instar de nombreuses autres familles dans une Espagne où le chômage touche plus d’un actif sur quatre.

Ode aux pesetas

Si les Espagnols ont réduit de quelque 8% leur dépense cette année pour le tirage de Noël, ils ont tout de même dépensé en moyenne 52,26 euros par personne pour le “Gordo” (contre 56,82 euros en 2011).

“Les gens vivent très mal cette crise. Mais nous ne sommes pas résignés”, a assuré pour sa part Rufino Huertas Huertas, un employé du métro de Madrid de 55 ans, déguisé lui avec un costume couvert de pesetas “fait main” par son ami qui s’en est cousu un autre scintillant de mille couleurs. “Pourquoi les pesetas ? Parce qu’on vivait mieux avec la peseta”, a-t-il lâché en riant.