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Le bénévolat en pleine mutation en Suisse

Près d'une personnes sur cinq oeuvre comme bénévole en Suisse, ce qui représente 660 millions d'heures de bénévolat en 2016 (photo symbolique). KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI sda-ats

(Keystone-ATS) Le bénévolat traditionnel est en perte de vitesse en Suisse, selon une étude publiée lundi par l’Institut Gottlieb Duttweiler (GDI). Les bénévoles ne veulent plus s’engager à long terme et “être seulement des exécutants”.

Les engagements réguliers et sur le long terme attirent ainsi de moins en moins de volontaires, selon l’étude, et le nombre de bénévoles diminue chaque année. “Les sociétés de musique manquent de secrétaires, les communes de présidents, les pompiers d’aides”, souligne le GDI dans son étude “Les nouveaux bénévoles”, réalisée pour le compte du Pour-cent culturel Migros.

En cause, les Suisses sont de plus en plus mobiles, ce qui tend à limiter le rapport au local où a lieu la majorité du volontariat. De plus, face à la multiplication des choix qui s’offrent aux individus, ceux-ci ont “tendance à être effrayés par les engagements à long terme”.

“Changement de paradigme”

L’étude analyse ce déclin non pas comme un désamour du volontariat, mais comme un “changement de paradigme”. Si le travail bénévole classique recul, les engagements à court terme liés à des projets augmentent. Ainsi, de nombreuses personnes s’engagent pour des projets tels que la participation à une bourse d’échange, un projet choral avec des migrants ou la rédaction d’articles Wikipédia, note l’étude.

Les bénévoles “ne souhaitent plus être seulement des exécutants et des travailleurs gratuits, ils veulent aussi participer à la réflexion et à la décision”. Ils se penchent désormais sur les objectifs et le “pourquoi” de leurs actions et pas seulement comment les atteindre avec le “comment”, explique le GDI.de leurs actions et pas seulement comment les atteindre avec le “comment”, explique le GDI.

La numérisation est une chance pour le développement de ce nouveau bénévolat. Il devient beaucoup plus facile de venir à bout de nombreuses tâches et les bénévoles peuvent ainsi avoir plus d’impact dans de nombreux domaines, souligne l’étude.

Alors que de nombreuses personnes ne s’impliquent pas car elles ne savent pas où le faire, internet facilite la mise en réseau et permet à plus de personnes de s’engager. “Le Web 2.0 nous plonge dans un âge d’or de la participation sociale au niveau numérique”, ce qui influence également la coopération dans le monde réel, analyse le GDI.

“Aborder ensemble des problèmes”

Le bénévolat est toutefois menacé par l’automatisation, des robots pourraient remplacer le travail effectué par les bénévoles. De même, le marché pourrait assumer un nombre croissant de mission, dont certaines sont aujourd’hui prises en charge par la société civile.

Dans ce cadre, le GDI appelle à ne plus parler de bénévolat, mais de participation qui elle ne se laisse “pas déléguer facilement au marché ou à des robots”. Elle “ne fait pas la distinction entre les personnes qui aident et celles qui bénéficient de l’aide. Il n’existe plus que des participants qui abordent ensemble des problèmes.”

Près d’une personnes sur cinq oeuvre comme bénévole en Suisse, ce qui représente 660 millions d’heures de bénévolat en 2016. L’Office fédérale de la statistique (OFS) estime à 34 milliards de francs la valeur du travail bénévole. Selon le GDI, “un Etat fort, au vu de ses dépenses sociales, s’accompagne souvent d’un engagement social important”.

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