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Le Brexit créé une onde de choc sur les marchés financiers

La situation s'est un peu calmée en matinée à la Bourse suisse, mais l'incertitude reste élevée (archives). KEYSTONE/ENNIO LEANZA sda-ats

(Keystone-ATS) Pris à contre-pied par une sortie du Royaume-Uni qu’ils n’attendaient pas, les marchés financiers étaient vendredi sous le choc face à l’ampleur des incertitudes ouvertes par ce vote. La Bourse suisse, quoiqu’en léger redressement, accuse aussi le coup.

Dans une première réaction, le SMI a plongé de près de 550 points sous les 7500 points. Par la suite, il s’est remis du choc et s’est mis à osciller sous la barre de 7800 points. A 14h00, l’indice vedette de la Bourse suisse reculait de 3,74% à 7723,04 points, avec un plus bas à 7476.

La situation s’est un peu calmée en matinée, mais l’incertitude reste élevée et l’on est dans l’attente de voir quelles seront les conséquences du Brexit sur l’évolution conjoncturelle du pays, de l’Europe et du reste du monde.

La livre au plus bas

En Europe, la livre sterling au plus bas depuis 1985 et les Bourses européennes, massivement en berne, étaient les principales victimes de cette journée noire, avec des chutes du même ordre de grandeur qu’au moment de la faillite de la banque américaine Lehman Brothers en 2008.

Après s’être envolée au-dessus de 1,50 dollar au moment de la fermeture des bureaux de vote, la livre sterling est tombée d’abord sous 1,45 dollar, puis 1,40 dollar, et a poursuivi sa folle descente à des niveaux inédits depuis 1985, jusqu’à 1,3229 dollar, soit une chute de plus de 10% sur la journée. A la mi-journée, elle évoluait à 1,3708 dollar.

Au même moment, la Bourse de Paris perdait plus de 8%, celle de Francfort plus de 7% et celle de Londres près de 5%. Et la débâcle était générale en Europe avec le secteur bancaire en première ligne, Deutsche Bank s’effondrant de quelque 14% comme Crédit Agricole, BNP Paribas de plus de 16% et Société Générale de près de 20%.

La Bourse de New York se dirigeait également vers un net recul des indices à l’ouverture, mais dans une moindre mesure que ses homologues européennes. Vers 13h00, le contrat à terme sur l’indice Dow Jones Industrial Average, qui donne une indication de son évolution, plongeait de 3,04% dans les échanges électroniques, ceux sur le S and P 500 et le Nasdaq de 3,79%.

Enorme choc

“C’est clairement un très gros choc pour les marchés” et “pour le Royaume-Uni, c’est un séisme” dont les “implications vont indubitablement aller au-delà des frontières britanniques, avec un effet immédiat et potentiellement durable sur les échanges commerciaux et sur tous les actifs financiers”, estime Matthew Beesley, directeur actions internationales de la société de gestion britannique Henderson Global Investors.

“C’est l’un des plus gros chocs sur les marchés de tous les temps”, juge également Joe Rundle, un analyste de ETX Capital. “Les répercussions du vote vont se faire sentir dans le monde entier. L’ampleur des dégâts est difficile à évaluer, mais il sera probablement plus important que tous les événements survenus depuis la faillite de la banque Lehman Brothers en 2008”.

Valeurs refuges recherchées

Parallèlement, les valeurs refuges comme le yen ou l’once d’or flambaient et les investisseurs se ruaient sur le marché obligataire. Le Bund allemand tombait en zone négative et le taux d’emprunt à dix ans de la France et de la Grande-Bretagne étaient à leur plus bas historique, tandis que les titres de dette des pays les plus fragiles de la zone euro étaient délaissés.

Face à ce séisme les banques centrales étaient sur le pied de guerre pour tenter d’apaiser les craintes, avec un effet très limité sur les marchés à ce stade.

Concernée en premier chef par les répercussions du référendum, la Banque d’Angleterre (BoE) a indiqué qu’elle était prête à injecter 250 milliards de livres (265 milliards de francs) de fonds additionnels afin d’assurer des liquidités suffisantes pour le fonctionnement des marchés.

Dans la foulée, la Banque centrale européenne (BCE) s’est dite “prête à fournir des liquidités supplémentaires, si nécessaire, en euros et en devises étrangères”, promettant par ailleurs d'”assumer ses responsabilités” eu égard à la stabilité des prix et du secteur financier en zone euro.

L’Asie dévisse

Dans la matinée, alors que les marchés asiatiques dévissaient, la Banque du Japon (BoJ) s’était aussi déclarée “prête à injecter des liquidités”. Ce qui n’a pas empêché la Bourse de Tokyo de plonger de près de 8% à la clôture.

Le pétrole était aussi pris dans la tourmente avec des cours en forte baisse à la mi-journée également.

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