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Le canton de Vaud veut prévenir la radicalisation

Béatrice Metraux, conseillère d'Etat vaudoise et Serge Terribilini, préfet du district de Lausanne KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT sda-ats

(Keystone-ATS) Vaud se dote d’outils pour prévenir la radicalisation et l’extrémisme violent. Il mettra sur pied une permanence téléphonique et un groupe pluridisciplinaire de suivi. L’an dernier, la police cantonale surveillait 150 dossiers en lien possible avec la radicalisation.

Ce dispositif présenté mercredi par la conseillère d’Etat Béatrice Métraux constitue le premier volet d’une politique publique coordonnée. La permanence téléphonique gratuite sera à disposition de l’ensemble de la population, en principe avant les vacances d’été.

Ni flicage, ni fichage

La permanence, dont le numéro sera révélé une fois que le processus aura été validé par le Grand Conseil, sera assurée par la police cantonale. Elle travaillera de 6h à 22h, six jours sur sept, a précisé Béatrice Métraux.

“Il n’y aura ni flicage, ni fichage” parce que la police est chargée de cette tâche, a assuré la cheffe du Département des institutions et de la sécurité. Ce choix, contrairement à ce que fait Genève, vise à ne pas perdre des informations utiles s’il y a un aspect sécuritaire. “Une question d’efficacité”, selon elle.

Pas centré sur le religieux

Après ce premier filtre et si aucun traitement d’urgence n’est nécessaire, l’information sera transmise au groupe opérationnel d’une dizaine de personnes au maximum. Cette instance pluridisciplinaire doit pouvoir répondre à la problématique “complexe et très sensible” qui peut pousser à la radicalisation: rupture familiale, échec scolaire ou professionnel, par exemple.

“On ne se focalise pas sur le côté religieux”, a tenu à souligner Béatrice Métraux. Le groupe opérationnel sera présidé par le préfet du district de Lausanne, Serge Terribilini, et pourra recourir à des partenaires externes pour “désengager” et réintégrer les personnes impliquées dans des processus de radicalisation et d’extrémisme violent.

150 cas sous les radars de la police

Le CIC (Centre intercantonal d’information sur les croyances) sera “un acteur déterminant. Il appuiera le groupe opérationnel”, a relevé le préfet lausannois. Il a insisté en outre sur “la stricte confidentialité” qu’observera le groupe en matière de protection des données.

L’an dernier, quelque 650 signalements ont été recensés par la police cantonale pour des liens possibles avec la radicalisation. Sur ce total, 150 sont “sous les radars de la police”, selon Béatrice Métraux. Des cas “où l’on ne peut pas d’emblée écarter les risques”, a précisé Jean-Yves Lavanchy, commissaire à la police cantonale.

Des salafistes dans un garage

Le policier a donné l’exemple d’un signalement arrivé au numéro 117. Le message portait sur un groupe qui se réunissait dans un garage d’immeuble et dont le code vestimentaire faisait penser à des djihadistes.

“On a pu rassurer le demandeur, on les connaissait déjà. Ce sont des salafistes qui se réunissent pour prier, mais qui ne nous posent pas de problème sécuritaire. Ca sort de la problématique sécuritaire. On a un oeil quand même sur ces gens”, a déclaré le commissaire.

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