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Le chemin de croix du hockeyeur français

(Keystone-ATS) Qu’ils en profitent à pleines dents ! Les hockeyeurs français vivent un conte éveillé avec le Championnat du monde à Paris. Leur équipe est enfin mise en valeur, mais y a-t-il un futur ?

L’équipe de France a réussi un parcours exemplaire depuis le début du tournoi avec des succès sur la Finlande (5-1) et la Suisse (4-3 tab). Si tout va bien pour elle, elle devrait participer pour la troisième fois aux quarts de finale d’un Championnat du monde après 1995 et 2012.

C’est le côté glamour du hockey français, vivant sa période faste. Mais la réalité est beaucoup plus sombre. Le hockey doit se battre avec des moyens dérisoires. En premier lieu parce qu’il n’intéresse pas grand monde dans ce pays où le football et le rugby se sont taillé la part du lion. Le Championnat vient d’être réformé et a vécu une saison régulière de 44 matches.

“C’est vrai que nos dirigeants tentent de faire des efforts, relève Philippe Bozon, légende du hockey français et actuel entraîneur des Boxers de Bordeaux en Ligue Magnus. Le Championnat commence à ressembler à quelque chose. J’ai pu obtenir que nous fassions certains déplacements en avion. Mais la situation pour les hockeyeurs français n’est pas rose. Certains ne touchent même pas le SMIC (réd: salaire minimal de 1480 euros soit 1630 francs par mois). C’est vraiment difficile de se lancer dans une carrière.”

La France compte un peu plus de 20’000 licenciés et 140 clubs.

Sacrifier sa jeunesse

Certains doivent sacrifier leur jeunesse pour tenter de vivre du hockey plus tard avec l’appui de leurs parents. A l’image de Floran Douay, l’attaquant de Genève-Servette, qui a rejoint les Vernets à l’âge de 12 ans alors qu’il a passé sa prime jeunesse à Megève à une cinquantaine de kilomètres de Genève.

Enzo Guebey, un autre Français de 18 ans, défenseur des élites A de Genève-Servette, joue en Suisse depuis plusieurs années. Il est désormais établi à Annemasse juste l’autre côté de la frontière, mais au début il faisait les aller-retour de Saint-Gervais, commune attenante de Megève.

Comme Douay, Guebey aura passé quatre ans avant l’âge de ses 18 ans à jouer dans les championnats de Suisse juniors afin d’acquérir un précieux sésame. Celui-ci lui permettra peut-être, si son talent est reconnu, de jouer en Ligue nationale sans compter comme un joueur étranger.

Pour les moins chanceux, qui n’habitent pas près de la frontière suisse, il y a également une filière avec le Canada, qui a été mise en place. C’est le cas pour Stéphane Da Costa, qui a traversé l’Atlantique pour jouer en Ligue universitaire avant de jouer quelques matches en NHL avec Ottawa. Depuis, il a signé un contrat de double millionnaire au CSKA Moscou en KHL. Mais lui, Antoine Roussel (Dallas) et Pierre-Edouard Bellemare (Philadelphia) constituent vraiment les exceptions à la règle.

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