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Le CICR alerte sur le lien changement climatique-violence au Sahel

Le président du CICR Peter Maurer appelle de ses voeux de nouveaux mécanismes de financement innovants face au changement climatique. KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI sda-ats

(Keystone-ATS) Le changement climatique contribue aux conflits entre communautés au Sahel. Un nouveau site, en collaboration avec le CICR, montre ce lien que le président de l’organisation Peter Maurer a pu constater au Mali et au Niger pendant huit jours.

Dans ces pays, “les tensions qui opposent depuis toujours les communautés d’éleveurs aux agriculteurs s’intensifient à cause du changement climatique”, a-t-il affirmé dans un communiqué mardi, quelques jours après son retour de la zone. Ces perturbations renforcent une situation où pauvreté, criminalité généralisée et violence son déjà observées, fait remarquer le président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

Les températures augmentent au total 1,5 fois plus rapidement dans cette région par rapport au reste du monde. Selon les estimations de l’ONU, 80% des terres sont dégradées. L’insécurité alimentaire pour des dizaines de millions de personnes les pousse à la migration ou à rejoindre des groupes armés.

Exacerbation des tensions

Certains pays peuvent s’adapter à une augmentation modérée des températures, mais d’autres pas. Dans ces pays, le manque de ressources naturelles vient s’ajouter à une “superposition” de facteurs déjà existants tels que la pauvreté, l’exclusion, la violence ou les discriminations, a précisé M. Maurer lors d’une conférence de presse au Forum économique mondial (WEF) de Davos.

Dans des Etats particulièrement fragiles comme ceux du Sahel, les mécanismes de résolution des tensions ne fonctionnent plus et on assiste à une exacerbation des conflits, ajoute-t-il. Le président du CICR précise qu’il ne s’agit plus de conflits militaires traditionnels entre deux ou trois acteurs, mais d’un mélange de violence politique et communautaire, de criminalité et de banditisme.

En 2018, les violences ont fait plus de 1680 victimes au Mali, près du double de celles de 2017 et plus de cinq fois le nombre de 2016. Le changement climatique n’exonère pas les parties aux conflits d’honorer le droit international humanitaire (DIH), insiste le CICR. Mais des politiques importantes sont “urgentes” pour atténuer ses effets dans la région.

Financements innovants

L’organisation appelle à des solutions plus durables avec les communautés. La gestion de l’eau et de l’énergie doit être améliorée et l’accès de la population à l’éducation et à une économie locale doit être étendu. Des mécanismes innovants de financement doivent être lancés.

A Davos, Peter Maurer s’est dit “convaincu” qu’il existe un “deal” à faire entre investisseurs privés et organisations humanitaires. Il appelle de ses voeux un “partenariat” avec le secteur privé, en particulier pour l’aide sur le long terme.

Le Bernois estime par ailleurs que l’aide internationale doit soutenir – et non pas remplacer – l’action des communautés, des organisations de femmes et d’autres entités actives sur le terrain.

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