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Le climat se détériore et le temps presse, selon les experts à Bonn

L'Alliance climatique suisse avait manifesté son désarroi le 10 avril à Berne (archives) KEYSTONE/PETER SCHNEIDER sda-ats

(Keystone-ATS) L’ONU a appelé lundi à Bonn le monde à être plus ambitieux en matière de lutte contre le changement climatique… Cet avertissement, qui ne date pas d’hier, a été martelé au premier jour d’une réunion de 200 pays signataires de l’accord de Paris, dont la Suisse.

“Le laps de temps qui nous est imparti pour s’attaquer au changement climatique arrive bientôt à échéance”, a déclaré dans l’ancienne capitale ouest-allemande la responsable climat de l’ONU, Patricia Espinosa. “Nous devons accroître radicalement nos ambitions”, a-t-elle insisté au cours d’une conférence de presse.

L’accord de Paris sur le climat de 2015 vise à contenir le réchauffement mondial sous les 2°C, voire 1,5°C, par rapport à l’ère préindustrielle. Mais les engagements de réduction d’émissions de gaz à effet de serre pris jusqu’ici par les Etats signataires conduiraient à un monde à +3°C.

“Une augmentation de cette ampleur serait extrêmement déstabilisante. Nous ne pouvons pas le permettre”, a souligné Mme Espinosa.

La session de négociations de Bonn, qui doit s’achever le 10 mai, est la première étape d’une année cruciale dans la lutte contre le dérèglement climatique. Celle-ci doit s’achever avec la 24e conférence climat de l’ONU (COP24) en Pologne, en décembre.

La Suisse est représentée par Franz Perrez, chef de la division des affaires internationales de l’Office fédéral de l’environnement.

Eléments déchaînés

D’ici décembre, les signataires doivent finaliser les règles d’applications de l’accord de Paris pour permettre son application en 2020. Face à l’urgence, ils sont encouragés à réviser à la hausse leurs engagements nationaux de réduction des émissions.

“Les impacts climatiques sont déjà visibles tout autour de nous. La gravité et la fréquence des inondations, des tempêtes, des sécheresses, de la hausse du niveau de la mer et d’autres conséquences ne font qu’augmenter et des centaines de millions de personnes risquent d’être déplacées”, a souligné lundi Gebru Jember Endalew, qui préside le groupe des pays les moins avancés (PMA).

“Le monde ne peut pas se permettre de rester les bras croisés en attendant l’application de l’accord de Paris en 2020. Des mesures doivent être prises, de l’aide apportée et les ambitions relevées sans délai. Plus les pays agissent maintenant, moins les impacts du changements climatiques seront importants”, a-t-il ajouté.

Aide Nord-Sud à améliorer

Concernant l’aide, le responsable éthiopien a de nouveau appelé les pays riches à respecter leur promesse de porter à 100 milliards d’euros par an d’ici 2020 leur soutien aux politiques climatiques des plus pauvres. Un appel récurrent soutenu par les ONG.

La question des financements “doit progresser considérablement à cette session, et d’ici la fin de l’année”, a plaidé Lucile Dufour, du Réseau Action Climat, insistant sur cette aide Nord-Sud mais aussi sur la “transparence” des financements des actions climat.

Obtenir des règles d’applications claires et musclées serait un signal important notamment pour le secteur privé. “La bonne nouvelle est que l’économie réelle avance. Il y a une série impressionnante d’initiatives de villes, de régions, d’entreprises. La pression est désormais sur les gouvernements et l’ONU”, note Mark Lutes du WWF.

Conseil fédéral inactif

Pour l’Alliance climatique suisse, qui regroupe 73 membres dont le WWF, Greenpeace, les Verts et le PS, “la réorientation des flux financiers est une nécessité”. Mais l’association a regretté lundi dans un communiqué que “le Conseil fédéral n’y participe pas”.

“Si la Banque nationale suisse (BNS) continue à refuser de prendre au sérieux les risques climatiques dans le cadre de son mandat sur la stabilité des marchés financiers, le Conseil fédéral et le Parlement ont une obligation: adapter le mandat de la BNS de manière à ce que les risques climatiques soient explicitement mentionnés. »

Et l’Alliance de rappeler que la Banque centrale européenne (BCE) et huit banques centrales et autorités de surveillance ont déjà déclaré vouloir jouer un rôle majeur dans la protection du climat.

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