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Le conducteur de train condamné à 90 jours-amende avec sursis

Le conducteur de train qui a provoqué la collision mortelle de Granges-Marnand (VD) en juillet 2013 a été condamné mardi à 90 jours-amende avec deux ans de sursis. Le Tribunal l'a reconnu coupable d'homicide par négligence (archives). KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI sda-ats

(Keystone-ATS) Le conducteur de train qui a provoqué une collision fatale en juillet 2013 à Granges-Marnand (VD) est reconnu coupable d’homicide par négligence. Il écope de 90 jours-amende à 60 francs avec deux ans de sursis.

Le Tribunal correctionnel de la Broye et du Nord vaudois a donc suivi la peine requise par le procureur. Il a estimé que la culpabilité de ce mécanicien aujourd’hui âgé de 58 ans est “contrastée”.

Ce 29 juillet 2013, ce conducteur a commis “une faute grave en omettant le signal d’arrêt”, provoquant une collision qui a coûté la vie à un jeune conducteur de train. Le délai de 28 secondes entre le départ de la Granges-Marnand et l’enclenchement du freinage d’urgence représente par ailleurs “une très longue inattention”, a souligné le président.

Il connaissait la ligne

Ce mécanicien expérimenté ne connaissait peut-être pas bien le train qu’il conduisait mais il connaissait la ligne et ses dangers. Il aurait dû redoubler de vigilance, estime la Cour. Quant à sa conviction d’être parti au vert alors que tout démontre que le feu était rouge, le président se demande “s’il n’a pas été victime d’hallucination”.

A la décharge de l’accusé, le Tribunal retient plusieurs éléments: un horaire de service qui n’indiquait plus les croisements, un double contrôle qui avait été supprimé, le stress qui pèse sur les épaules des mécaniciens, un champ de vision restreint par la présence de wagons marchandises stationnés ou les conséquences durables de cet accident sur la vie de cet homme.

Calme apparent

A la lecture du jugement, le condamné n’a guère réagi. Au président qui lui a demandé s’il avait des questions, l’homme a simplement dit avoir compris le verdict.

Une semaine auparavant, il n’avait pas manqué de charger son employeur, les CFF. Il leur a reproché de remplacer des filets de sécurité depuis les années 2000 par des “faites-gaffe”. Trois mécaniciens s’étaient en outre succédé devant les juges pour expliquer la pression sur leurs épaules en cas de retard et la routine qui rendait leur tâche de plus en plus difficile.

Seul sur le banc

Aujourd’hui interdit de conduite de train et installé dans un bureau, le quinquagénaire peine à accepter d’être le seul accusé. Le parquet avait en effet décidé d’exclure une responsabilité pénale des CFF estimant que toutes les normes avaient été respectées.

Pour le syndicat du personnel des transports (SEV), l’ex-régie fédérale a pourtant, elle aussi, sa part de responsabilité dans ce drame. Et de dénoncer de “sérieuses lacunes sécuritaires” au moment de l’accident.

Collision mortelle

Ce 29 juillet 2013, le mécanicien avait remis son convoi reliant Payerne à Lausanne en marche alors que le feu était rouge. Obsédé par un retard de deux minutes, il n’a réalisé le danger que lorsqu’il a vu le train roulant normalement en sens inverse.

Les deux conducteurs ont beau avoir enclenché le freinage d’urgence, la collision était alors inévitable. Elle a coûté la vie à un mécanicien de 24 ans et blessé 26 personnes à des degrés divers.

S’agissant des lésions corporelles par négligence, elles n’ont finalement pas été retenues. D’une part, car le doute subsiste sur les blessures de l’un des plaignants et d’autre part car la seconde plaignante n’est en fait que partie civile et pas pénale.

Evité de peu

Après le drame, les CFF ont réintroduit le système de double contrôle dans certaines gares, dont Granges-Marnand, et avancé l’installation prévue du système de surveillance ZUB en avril 2014 sur ce site.

En septembre 2013, un accident avait par ailleurs été évité de peu au même endroit grâce au déclenchement d’urgence de la ligne de contact par un chef de circulation. De l’avis du SEV, cela démontre que le drame de juillet aurait pu être évité si les agents avaient à l’époque été correctement instruits.

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