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Le Conseil fédéral veut ouvrir le marché des produits agricoles

Le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann veut prendre en compte l'avis des agriculteurs dans la mise en place de la stratégie agricole 2022. KEYSTONE/PETER KLAUNZER sda-ats

(Keystone-ATS) Le Conseil fédéral veut ouvrir les frontières aux produits agricoles. Sa nouvelle stratégie de politique agricole, prévue dès 2022, propose notamment d’intensifier les accords de libre-échange et de réduire la protection douanière en vigueur en Suisse.

La compétitivité accrue des concurrents internationaux, les changements climatiques, la croissance démographique ou les progrès engendrés par la biotechnologie placent le secteur face à de grands défis. La nouvelle politique agricole PA22+ prend en compte ces évolutions en renforçant l’orientation sur les marchés et en stimulant les entreprises.

L’objectif principal du programme, appelé à succéder à celui de 2013, est d’établir des connexions entre les marchés suisses et internationaux, a expliqué devant la presse le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann. Le recours aux accords de libre-échange est primordial, selon lui. A court et à moyen termes, des accords devraient d’ailleurs être signés en Asie et en Amérique.

Prix à payer

L’ouverture des marchés augmentera la pression sur l’agriculture suisse, a reconnu le ministre de l’agriculture. Mais les produits agricoles helvétiques sont actuellement protégés de la concurrence étrangère par un système douanier complexe qui empêche le développement du secteur.

Selon les estimations de l’OCDE, la valeur de la protection douanière, à l’échelon des chiffres d’affaires, s’élève à près de 3,5 milliards de francs. Les consommateurs en paient le prix par la cherté des denrées alimentaires. En outre, à cause de cette pression, l’agriculture suisse est en retard par rapport à d’autres pays et subit des déficits de productivité.

Une meilleure interconnexion serait également bénéfique pour la sécurité alimentaire de la Suisse. Aujourd’hui 40 à 50% des besoins alimentaires du pays sont couverts par des importations.

Mais la réduction partielle de la protection douanière devra être soutenue par des mesures adéquates, gérable pour l’agriculture et le secteur agroalimentaire, a promis Johann Schneider-Ammann. Le projet sera élaboré en concertation avec les milieux agricoles, a-t-il insisté.

Entrepreneurs

L’adaptation de la politique agricole suisse devrait aussi permettre aux chefs d’exploitation d’agir comme des entrepreneurs indépendants capables de réagir aux opportunités et aux risques du marché. Ils devront faire preuve d’esprit d’innovation. Leur capacité à utiliser de nouvelles technologies, notamment numériques, sera essentielle, selon M. Schneider-Ammann.

La stratégie PA22+ préconise également une exploitation durable des ressources naturelles. La Suisse devra retrouver son rôle de pionnier dans le domaine de la production agroalimentaire respectueuse des ressources et de l’environnement.

La stratégie présentée par le Conseil fédéral doit encore être discutée. Le Parlement doit en prendre connaissance et en discuter. La procédure de consultation sera lancée ensuite, probablement au quatrième trimestre 2018. Le message sera soumis aux Chambres fédérales en été 2019 et le texte devrait entrer en vigueur en 2022.

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