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Le Conseil national enterre l’initiative des écologistes

(Keystone-ATS) Trop extrême et menaçant l’économie: la droite n’a pas ménagé l’initiative des écologistes “Pour une économie verte”. Après le Conseil des Etats, le National a rejeté par 129 voix contre 61 le texte soutenu par la gauche et les Vert’libéraux.

L’initiative populaire veut une économie plus efficace et qui réutilise les matériaux en les recyclant par exemple afin de limiter l’utilisation des ressources. Le but est de réduire l’empreinte écologique à une seule planète en 2050, contre près de trois actuellement, a mardi expliqué Peter Schilliger (PLR/LU), au nom de la commission.

Mais le texte des écologistes est trop extrême et pénaliserait l’économie, selon la droite. Appliquée, l’initiative serait nuisible et “nos enfants souffriraient alors d’une mauvaise situation économique”, a craint Stefan Müller-Andermatt (PDC/SO).

But irréaliste

Le but à atteindre est lui “complètement irréaliste”, a attaqué Hansjörg Knecht (UDC/AG). Les partis bourgeois n’ont pas eu peur de peindre le diable sur la muraille: “L’initiative permettrait à l’état de multiplier le nombre de taxes et d’impôts qui étoufferaient entreprises et citoyens”, a redouté Jean-Pierre Grin (UDC/VD).

En tentant de réduire son empreinte écologique, la Suisse s’appauvrirait, a renchéri Doris Fiala (PLR/ZH). “Cette initiative n’a rien de révolutionnaire et ne contient rien qui nuirait à l’économie. Bien au contraire”, a tenté de contrer Isabelle Chevalley (PVL/VD).

Et les autres pays?

Christian Wasserfallen (PLR/BE) s’en est pris à l’empreinte écologique, “un concept théorique peu clair qu’il faudrait définir et dont on ne sait pas quels effets il aurait”. Et “il n’est pas question que la Suisse soit la seule à faire de tels efforts”, a ajouté Yannick Buttet (PDC/VS).

Alors que les chefs d’Etats du monde se penchent en ce moment sur les défis climatiques, la Suisse doit au contraire s’inscrire dans ce mouvement, a plaidé Lisa Mazzone (Verts/GE).

“Si on attend trop avant d’agir, les coûts seront plus élevés que si on anticipe les changements écologiques”, a relevé la conseillère fédérale Doris Leuthard. Cependant, l’initiative veut aller trop vite. Il vaut mieux avancer par étapes.

Frein à la surconsommation

“Une économie circulaire doit remplacer notre économie gaspilleuse”, a défendu Adèle Thorens (Verts/VD), appelant ses collègues à stopper la surconsommation actuelle au nom des générations futures. “Nous allons dans le mur!”, s’est exclamé Jacques-André Maire (PS/NE).

Tentant une autre approche, Beat Jans (PS/BS), membre du comité de l’initiative, a fait le parallèle avec les finances. Si ces ressources pouvaient être mesurées en pièces sonnantes et trébuchantes, “nous remarquerions que les comptes ne sont pas équilibrés et nous activerions immédiatement un frein à l’endettement”.

Isabelle Chevalley a même invoqué un proverbe indien. Rien n’y a fait. La droite est restée sourde aux demandes de la gauche pour réduire l’utilisation des ressources naturelles et a balayé le texte des Verts.

Contre-projet presque enterré

Le National a déjà enterré en septembre le contre-projet que le Conseil fédéral voulait proposer au texte des écologistes par 95 voix contre 92. Et le Conseil des Etats, qui avait dans un premier temps accepté le texte, pourrait retourner sa veste.

Sa commission préparatoire recommande désormais au plénum de ne pas entrer en matière sur cette révision de la loi sur la protection de l’environnement proposant des mesures moins radicales que l’initiative.

Si le Conseil des Etats suit sa commission, ou si le National enterre définitivement le contre-projet, le peuple devra décider sans alternative du sort qu’il réservera à l’initiative des Verts.

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