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Le Conseil national refuse les coupes dans l’agriculture

Les paysans avaient manifesté leur colère en novembre 2015. L'effort d'économies qui leur était demandé a alors été revu à la baisse, le National l'a annulé (archives). KEYSTONE/DOMINIC STEINMANN sda-ats

(Keystone-ATS) L’agriculture ne doit pas participer aux mesures d’économie décidées par le gouvernement. Le Conseil national a biffé jeudi toutes les coupes prévues et octroie ainsi 514 millions de francs de plus pour les années 2018-2021.

Par 119 voix contre 59 et 10 abstentions, la Chambre du peuple a suivi les arguments de l’UDC, du PDC et du PBD. Le Conseil des Etats devra se prononcer.

En novembre 2015, la Confédération avait mis en consultation un plan d’austérité qui aurait réduit le budget quadriennal de l’agriculture de 750 millions, lui laissant 13,041 milliards. Des milliers de paysans avaient alors manifesté leur colère contre cette coupe.

L’effort demandé a donc été revu à la baisse: au final, le Conseil fédéral souhaite doter l’agriculture de 13,27 milliards de francs sur quatre ans, soit 514 millions (ou 3,7%) de moins par rapport à la période actuelle (2014-2017).

Secteur laitier au plus mal

Le Conseil national a malgré tout refusé de réduire l’enveloppe. L’agriculture ne se porte pas bien, surtout le secteur laitier ou l’élevage porcin, a argumenté Leo Müller (PDC/LU).

Il n’est pas opportun de couper dans ce domaine, alors que les agriculteurs ont déjà dû s’adapter aux derniers changements entraînés par la politique agricole. Ils ont à présent besoin de sécurité en matière de planification, selon le président de l’Union suisse des paysans Markus Ritter (PDC/SG).

De plus, la part de l’agriculture a diminué dans le budget de la Confédération ces dernières années, alors que les dépenses dans la prévoyance sociale, la formation ou la migration ont fortement augmenté. “Faisons aussi quelque chose pour les agriculteurs”, a plaidé Jean-François Rime (UDC/FR).

Pas de “vache sacrée”

Une minorité a soutenu en vain que l’agriculture doit aussi contribuer à stabiliser le budget, au vu de la situation difficile des finances fédérales. Il faut être cohérent et logique: “Pas de vache sacrée, ni militaire ni agricole” quand il est question de finances publiques, a lancé Jacques-André Maire (PS/NE).

Le recul du nombre des exploitations agricoles, de même que la diminution de la surface et du nombre de travailleurs agricoles, justifient également une réduction des crédits alloués au secteur, a ajouté le Neuchâtelois.

Pour Beat Jans (PS/BS), la coupe de 514 millions resterait socialement supportable. Car il n’est pas vrai que toutes les familles paysannes vont mal: certaines exploitations perçoivent 200’000 francs de paiements directs. Et de rappeler que l’agriculture helvétique est subventionnée à hauteur de 60%, contre seulement 20% ailleurs en Europe.

Ces arguments n’ont pas convaincu la majorité de la Chambre du peuple. Au final, seul le PS et une partie du PLR ont voté pour la coupe dans l’agriculture.

Grande gagnante

Lors des débats sur le budget 2016, l’agriculture est déjà sortie grande gagnante, en étant quasiment le seul secteur à échapper aux réductions proposées par le Conseil fédéral. Outre le supplément de la “loi chocolatière”, le Parlement a ajouté 61,1 millions dans l’enveloppe de 2,8 milliards prévue pour les paiements directs.

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