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Le franc fort a pesé sur le commerce du fromage

(Keystone-ATS) Le chiffre d’affaires du marché du fromage a baissé au premier semestre 2015, malgré une hausse des exportations. Explication: pour garantir la compétitivité des produits suisses après l’appréciation du franc par rapport à l’euro, les prix ont dû être baissés.

Le chiffre d’affaires des acteurs de la branche, producteurs de lait, fromagers, affineurs, commerçants, a baissé de 3,4% au premier semestre de cette année par rapport à la même période en 2014. Les 268,8 millions de francs de recettes ont pu être atteints grâce à une baisse des prix qui a permis d’augmenter la quantité exportée de 6,7%, ou 2009 tonnes, à 32’147 tonnes.

Cette hausse s’explique aussi par l’augmentation des stocks et par des versements anticipés. Les prix de certains produits n’ont en effet été adaptés qu’au 1er avril, voire au 1er mai, en raison notamment de la dépréciation de l’euro, explique vendredi dans un communiqué Switzerland Cheese Markerting (SCM), l’organisation chargée du commerce du fromage. Les chiffres du second semestre montreront si ce résultat positif peut être maintenu, ajoute la SCM.

Par sortes, c’est l’Emmentaler AOP qui subit le plus les effets de la conjoncture, en particulier parce que c’est celui qui se trouve le plus confronté à la concurrence. “Il doit en effet s’imposer sur un marché très disputé face à des fromages à grande ouverture très bon marché”, souligne Switzerland Cheese Marketing.

Le Gruyère rejoint l’Emmentaler

Les exportations d’Emmentaler AOP ont reculé, en volume, de 11,3% durant les six premiers mois de l’année, par rapport au premier semestre de 2014, écrit la SCM dans un communiqué cosigné par la fiduciaire de la branche TSM. Le fromage bernois demeure cependant la sorte la plus exportée, avec une part de 18,9%, mais l’écart avec le suivant se réduit.

Le Gruyère AOP a lui aussi vu le volume de ses exportations reculer, mais dans une moindre mesure, de 2%. Sa part au volume des exportations atteint ainsi 17%. Suit, loin derrière, l’Appenzeller, lui aussi en léger repli, de 1,7%, avec une part aux exportations de 7,2%. Parmi les autres sortes en perte de vitesse, signalons le Vacherin fribourgeois AOP (- 4,1%) ou la Tête-de-Moine (- 2,2%).

A l’inverse et prenant le contre-pied de la tendance semestrielle, le Tilsiter enregistre une hausse de 8,7%, le fromage à raclette de 12,7% et le Vacherin Mont-d’Or AOP même de 75,1%. Il faut cependant relativiser ces chiffres par rapport aux relativement faibles volumes exportés.

Au chapitre des importations, on retrouve l’influence du franc fort. Ainsi le chiffre d’affaires des importations a baissé de 13,7% au premier semestre 2015, mais les quantités ont augmenté de 2,6%, ou 701 tonnes, à 27’505 tonnes. Il apparaît ainsi que la Suisse exporte près de 5000 tonnes de fromage de plus qu’elle n’en importe.

Les voisins d’abord

L’essentiel du commerce du fromage se fait avec les pays voisins, raison pour laquelle le cours du change avec l’euro a une si forte influence. Près de 80% du fromage exporté l’est en Europe et quelque 85% du fromage importé provient d’Italie, de France et d’Allemagne, ces trois pays étant aussi les principaux clients.

Les exportations outre-mer ont progressé de 14,7% pour totaliser 5668 tonnes. Quant aux importations, elles ont diminué en volume au premier semestre pour celles en provenance d’Italie (- 1,6%) et d’Allemagne (- 1%), mais elles ont augmenté de la France (+ 2,4%), précise encore la SCM et la TSM.

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