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Le gouvernement populiste prêt serment en Italie

Le nouveau Premier ministre italien Giuseppe Conte (à droite) a prêté serment au palais du Quirinal à Rome, devant le président de la République Sergio Mattarella (à gauche). KEYSTONE/AP/GREGORIO BORGIA sda-ats

(Keystone-ATS) Le premier gouvernement d’alliance entre un jeune mouvement populiste et un parti d’extrême droite a prêté serment vendredi à Rome, sous la direction de Giuseppe Conte. Ce juriste novice en politique devra mettre en oeuvre une politique anti-austérité et sécuritaire.

M. Conte a prêté serment le premier sous les ors du Quirinal, le palais de la présidence à Rome. Il assurait la veille encore son cours de droit privé à l’université de Florence.

L’ont suivi les deux hommes forts de ce gouvernement populiste, le premier dans un pays fondateur de l’Union européenne: Matteo Salvini, 45 ans, patron de la Ligue (extrême droite) et Luigi Di Maio, 31 ans, chef de file du Mouvement Cinq Eoiles (M5S, antisystème), ont juré devant le président Sergio Mattarella d’exercer leurs fonctions “dans l’intérêt exclusif de la Nation”.

Trois mois de crise

Après près de trois mois de tractations et de rebondissements inédits même pour un pays rompu aux crises politiques, les populistes italiens ont finalement trouvé un compromis avec le chef de l’Etat. Le président exigeait des garanties sur le maintien du pays dans la zone euro.

Il avait opposé un veto spectaculaire à une première liste dimanche. Mais jeudi soir, il a signé avec un soulagement visible une liste amendée comprenant 18 ministres, dont cinq femmes, représentant à parts égales les forces politiques sorties victorieuses des législatives du 4 mars, bien que le M5S ait obtenu plus de 32% des voix et la Ligue 17%.

C’est donc M. Conte, 53 ans, inconnu des Italiens il y a encore 15 jours, qui sera assis à côté de M. Mattarella samedi pour la parade militaire de la fête nationale. Il devrait ensuite se présenter en début de semaine prochaine devant le Parlement pour y obtenir la confiance.

Marge de manoeuvre en question

Luigi Di Maio et Matteo Salvini deviennent vice-Premiers ministres, le premier chargé du Développement économique et du Travail, et le second de l’Intérieur. Nombre de commentateurs s’interrogent d’ores et déjà sur la marge de manoeuvre dont disposera M. Conte, sans expérience politique, face à ses deux “vices” qui l’ont fait roi.

Le très sensible ministère de l’Economie et des Finances revient à Giovanni Tria, un professeur d’économie politique proche des idées de la Ligue en matière fiscale mais favorable au maintien de l’Italie dans l’euro.

Au départ pressenti pour ce poste, Paolo Savona, l’économiste de 81 ans qui considère l’euro comme “une prison allemande”, devient ministre des Affaires européennes. Il sera flanqué du très européen Enzo Moavero Milanesi, qui a travaillé pendant vingt ans à Bruxelles, a été ministre des Affaires européennes (2011-2014) et devient ministre des Affaires étrangères.

Le “gouvernement du changement” est désormais attendu sur son programme. Il promet un abaissement de l’âge de la retraite, des baisses d’impôts draconiennes -cheval de bataille de la Ligue- et l’instauration d’un “revenu de citoyenneté” de 780 euros par mois – promesse phare du M5S.

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