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Le Lyonnais Eric Vuillard remporte le Goncourt

Eric Vuillard, prix Goncourt 2017 (photo Melania Avanzato, Actes Sud, service de presse) sda-ats

(Keystone-ATS) Le Goncourt 2017 a été attribué lundi à l’écrivain lyonnais Eric Vuillard pour “L’ordre du jour” paru chez Actes Sud. L’ouvrage retrace les coulisses de l’Anschluss en 1938. Le prix Renaudot est revenu, lui, à Olivier Guez pour “La disparition de Josef Mengele”.

Eric Vuillard, âgé de 49 ans, a été récompensé au troisième tour de scrutin par six voix contre quatre, a annoncé lundi à la mi-journée Didier Decoin, membre de l’académie Goncourt, qui compte dix jurés.

Sorti en mai dernier, “L’ordre du jour” s’intéresse au rôle des industriels allemands dans la montée du nazisme.

Eric Vuillard était en compétition avec Yannick Haenel, pour “Tiens ferme ta couronne” (Gallimard), Alice Zeniter pour “L’Art de perdre” (Flammarion), et Véronique Olmi pour “Bakhita” chez Albin Michel.

“On est toujours surpris, fatalement. Ca me fait extrêmement plaisir”, a réagi le lauréat. Ce dernier succède à Leïla Slimani au palmarès du Goncourt. Des quatre finalistes de cette année, il était le seul dont le livre n’est pas sorti lors de la rentrée d’automne.

Vérité dispersée

“L’ordre du jour” est un récit saisissant sur l’arrivée au pouvoir d’Adolf Hitler, l’Anschluss (l’annexion de l’Autriche) et le soutien sans faille des industriels allemands à la machine de guerre nazie.

Eric Vuillard a une façon unique de se glisser dans les coulisses de l’Histoire pour donner à ses lecteurs une autre grille de lecture d’événements a priori archi-connus. Après la chute de l’empire Inca (“Conquistadors”, 2009), la conquête coloniale (“Congo”, 2012) et la Révolution française (“14 juillet”, 2016), “L’ordre du jour” est l’occasion de revisiter l’arrivée au pouvoir des nazis.

“La vérité est dispersée dans toute sorte de poussière”, écrit-il. En seulement 160 pages, l’écrivain a embrassé de façon magistrale cette tragédie européenne du XXe siècle.

Cohabitation difficile

“La disparition de Josef Mengele” d’Olivier Guez, sorti chez Grasset, est pour sa part un roman hallucinant mais vrai sur les dernières années du médecin tortionnaire d’Auschwitz Josef Mengele.

Pour parler du docteur Mengele, un “sale type”, connu pour ses expériences sur les jumeaux qu’il sélectionnait sur la rampe des chambres à gaz, “il n’était pas question de faire de la métaphore”, confiait récemment l’écrivain et scénariste âgé de 43 ans.

Trois ans d’écriture et de recherches, notamment au Brésil – où Olivier Guez a retrouvé la ferme où Mengele s’était terré -, ont été nécessaires pour aboutir à “La disparition de Josef Mengele”.

Se coltiner “un personnage abject et médiocre” n’a pas été une sinécure. “Ça a été compliqué de cohabiter avec Mengele. Mais à un moment, il faut monter sur le ring. L’affronter”, avait-il ajouté.

Olivier Guez, qui succède à Yasmina Reza, s’est imposé après six tours de scrutin.

Enfin le prix Renaudot Essai a été décerné à Justine Augier pour “De l’ardeur” (Actes Sud).

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