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Le maire de Genève appelle l’ELN à revenir aux négociations

Les assassinats contre les militants sociaux et des droits de l'homme sont en augmentation dans les zones rurales où se trouvaient les FARC en Colombie (archives). KEYSTONE/EPA EFE/ERNESTO GUZMAN JR sda-ats

(Keystone-ATS) Le maire de Genève Rémy Pagani condamne les violences en Colombie, dont la reprise de l’offensive de l’ELN. Quelques mois après une mission sur place, il a appelé lundi cette guérilla à reprendre “sans conditions” des négociations et dénoncé la hausse des assassinats.

“Je condamne avec la plus grande fermeté tout recours à la violence”, a dit M. Pagani en présentant un livre suite à ses dix jours de rencontres l’été dernier à l’invitation de la Commission de paix du sénat colombien. Il a appelé l’Armée de libération nationale (ELN) à cesser ses attentats contre les civils, perpétrés récemment, pour revenir à la table des discussions.

Mais il demande aussi au gouvernement de mieux prendre en compte les revendications de la guérilla. L’ELN “n’a pas été suffisamment entendue”, dit-il. Son ouvrage reprend les recommandations qu’il a remises en novembre dernier, quelques mois après sa mission. Les militants sociaux et des droits de l’homme “ont besoin de reconnaissance internationale pour être protégé”, a dit M. Pagani.

Alors que le taux d’homicide a considérablement diminué dans les villes depuis l’accord de paix entre le gouvernement et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), une augmentation est observée dans les zones rurales où se trouvait cette guérilla. Selon les estimations, 3000 décès ont été évités depuis l’arrangement, a expliqué de son côté le président de la plus vieille ONG des droits de l’homme colombienne.

Partenaires de TdH ciblés

Mais les assassinats ont augmenté de plus de 50% dans certaines zones, a ajouté ce membre de la Commission des garanties de sécurité de l’accord, dont fait aussi partie le président colombien. Une situation comparable “au pic des violences paramilitaires” il y a une vingtaine d’années, selon lui.

Début février, près d’une trentaine d’ONG internationales, dont plusieurs suisses, avaient appelé le gouvernement à sanctionner les responsables de ces violences contre les dirigeants sociaux. Au moins neuf personnes ont été tuées et près de 150 menacées depuis début janvier.

Des ONG partenaires de Terre des Hommes (TdH) Suisse sont affectées. “Nous avons besoin que ces personnes soient protégées”, a dit à l’ats le chargé du programme sur la Colombie Olivier Grobet.

Selon le membre de la Commission des garanties de sécurité, le gouvernement n’est plus lié aux paramilitaires comme par le passé. Mais des membres de secteurs publics régionaux le sont.

Pas empêché par le DFAE

Les paramilitaires continuent à mener une contre-insurrection là où l’ELN ou des dissidents des FARC sont actifs. Et des activités mafieuses ou criminelles contre la substitution des cultures alimentent le trafic de drogue, dans les zones où se trouvaient les FARC et pas encore occupées par l’Etat.

Pour le membre de la Commission, “les FARC ne reviendront plus”. Mais il mentionne le risque d’un “recyclage de la violence” et, si les dispositions politiques de l’accord ne sont pas appliquées, d’une remobilisation des ex-guérilleros auprès de l’ELN ou de dissidents.

De son côté, M. Pagani a dit à l’ats qu’il suivrait la situation. Selon lui, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) lui avait seulement signifié qu’il menait un processus en parallèle, sans l’appeler à renoncer à sa mission en Colombie.

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