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Le metteur en scène Serebrennikov clame son innocence à son procès

"Tout ce que je peux dire est que je ne comprends rien. Je ne reconnais pas ma culpabilité. Je n'ai jamais rien volé", a déclaré Kirill Serebrennikov. KEYSTONE/AP/PAVEL GOLOVKIN sda-ats

(Keystone-ATS) Le metteur en scène Kirill Serebrennikov a clamé son innocence mercredi à l’ouverture de son procès. L’enfant terrible du théâtre russe, assigné à résidence depuis plus d’un an, est accusé de détournements de fonds.

Après plusieurs audiences techniques à huis clos, la juge Irina Akkouratova a ouvert la partie publique du procès. Vêtu de noir avec des baskets violettes, l’homme de cinéma et de théâtre, dont les oeuvres abordant la religion ou la sexualité ont été critiquées par les autorités ou des représentants religieux, était accompagné de nombreuses personnalités du monde de la culture.

“Tout ce que je peux dire est que je ne comprends rien. Je ne reconnais pas ma culpabilité. Je n’ai jamais rien volé”, a déclaré M. Serebrennikov.

Biens et actifs saisis

Kirill Serebrennikov est accusé d’avoir détourné environ 130 millions de roubles (environ 1,9 million de francs) de subventions publiques destinées à son théâtre moscovite grâce à un système de devis et factures gonflés entre 2011 et 2014. Le procureur l’a accusé mercredi d’avoir “coordonné un groupe criminel” à des fins d’enrichissement personnel.

Kirill Serebrennikov avait été arrêté dans la nuit du 21 au 22 août 2017 et assigné à résidence alors qu’il se trouvait en plein tournage d’un film à Saint-Pétersbourg. Quatre mois plus tard, la justice russe ordonnait la saisie des biens et actifs du metteur en scène, notamment son appartement et sa voiture. Plusieurs de ses collaborateurs sont également poursuivis dans cette affaire.

Pour ses partisans, Kirill Serebrennikov paie la montée en puissance des valeurs conservatrices en Russie, où les artistes sont confrontés à une pression croissante. Sans s’opposer ouvertement au président Vladimir Poutine, Kirill Serebrennikov avait à plusieurs reprises critiqué ces pressions.

Travail à distance

A cause de son assignation à résidence, Kirill Serebrennikov n’a pas pu participer en mai à la montée des marches à Cannes avec l’équipe de son film “Leto” (“L’été”), présenté en compétition et dont le réalisateur avait terminé le montage chez lui.

Il avait aussi manqué en décembre 2017 la première de son ballet “Noureev”, consacré au danseur étoile soviétique passé à l’ouest en 1961 et monté au Bolchoï de Moscou. Le spectacle lui-même avait été pris dans une controverse, retardant la première de six mois.

La semaine dernière, Kirill Serebrennikov a été nommé dans trois catégories aux prestigieux “Masques d’Or”, qui récompensent les spectacles montés la saison dernière en Russie. Dimanche a aussi eu lieu la première de sa mise en scène de “Cosi fan tutte” de Mozart à l’opéra de Zurich, après plus d’un an de travail à distance.

Depuis son arrestation, de nombreux appels à la levée des charges pesant sur lui ont été lancés par des figures du monde des arts russes comme par des personnalités culturelles internationales, de l’actrice australienne Cate Blanchett, présidente du jury du festival de Cannes en 2018, à l’ancienne ministre française de la Culture Françoise Nyssen.

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