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Le National décide du crédit-cadre pour la coopération suisse

L'aide suisse au développement, comme ici au Kirghizistan, est reconnue par la communauté internationale (archives). KEYSTONE/ANDREE-NOELLE POT sda-ats

(Keystone-ATS) Le National a entamé jeudi le débat sur les crédits-cadre destinés à l’aide suisse au développement pour les années 2017 à 2020. Il a rejeté par 103 voix contre 85 une demande du PDC et l’UDC pour renvoyer le projet au Conseil fédéral.

Comme à chaque renouvellement du crédit-cadre, l’aide suisse au développement est remise en question. Le PDC s’en est pris au manque d’orientation stratégique et à la dispersion des fonds. La Direction de la coopération et du développement (DDC) liste 20 pays prioritaires, mais la Suisse distribue des fonds à plus de 100 pays, a relevé Kathy Riklin (PDC/ZH).

Pour Roger Köppel (UDC/ZH), les 3 milliards dépensés annuellement ne rapportent aucune contrepartie. “L’arrivée chaque jour de milliers de migrants africains traduit l’échec de l’aide au développement”, a lancé le Zurichois. “Il faut avoir le courage d’abandonner l’Afrique pour qu’elle se développe elle-même”.

Pour l’UDC, il faut non seulement revoir les fonds et les priorités par région et prendre intégralement en considération les coûts de l’asile dans la coopération. Cette deuxième demande de renvoi a été enterrée par 129 contre 65.

Pas prêt pour 2017

Le PS, les Verts, le PLR, le PBD et les Vert’libéraux se sont unis pour rejeter ces demandes de renvoi. La Suisse a pris des engagements pour lutter contre les crises humanitaires et climatiques actuelles. Le renvoi signifierait que le crédit-cadre 2017-2020 ne serait pas prêt pour le début de l’an prochain, a lancé Carlo Sommaruga (PS/GE).

Il a vertement tancé le PDC. Les démocrates-chrétiens ont déposé à la dernière minute une demande de renvoi en comptant sur le soutien de l’UDC, alors que ce dernier parti veut purement et simplement saper l’aide. Les 11,11 milliards prévus pour quatre ans par le gouvernement correspondent à 0,92 centimes par habitant et par jour en Suisse, a rappelé Claudia Friedl (PS/SG) pour la commission.

Le PLR est entré en matière tout en posant ses conditions. Dans l’examen de détail, il entend demander que l’aide financière se concentre sur les principaux pays d’où arrivent les migrants et avec lesquels il sera possible de conclure des accords de réadmission.

Se rappeler la fragilité et la souffrance

Le chef de la diplomatie Didier Burkhalter a demandé aux députés de regarder au-delà de la Coupole. “De nombreux endroits sont frappés par la fragilité, par la souffrance”, a-t-il rappelé. “Tous les réfugiés que j’ai rencontrés voulaient rentrer chez eux”, a ajouté le ministre faisant allusion à la longue crise en Syrie.

Le manque de perspective notamment pour les jeunes pousse aux migrations et à l’extrémisme violent. L’aide suisse propose un peu de stabilité, soutient le Neuchâtelois. La constitution demande clairement de promouvoir la paix, les droits de l’homme et de combattre la pauvreté.

Au chapitre des coûts de l’asile, Didier Burkhalter a rappelé que cela représentait 450 millions par an, soit 15% de l’aide suisse au développement. La requête de l’UDC signifierait que ces fonds soient dépensés ici au lieu de servir à des programmes d’éducation ou de formation dans les pays qui en ont besoin.

Entre 9,6 et 16,6 milliards

Le Conseil fédéral propose un crédit-cadre de 11,11 milliards de francs. Cela représente, en terme de dépenses effectives, 0,48% du revenu national brut (RNB), légèrement moins que la valeur cible de 0,5% fixée en 2011 par le Parlement.

Plusieurs minorités de droite proposent de raboter cette manne. Le scénario le plus minimaliste suggère d’affecter 9,55 milliards de francs à ce domaine (0,4% du RNB). La gauche à l’inverse souhaite augmenter les fonds. Le scénario le plus généreux prévoit d’augmenter progressivement la part du RNB à 0,7% ce qui correspondrait à un crédit de 16,6 milliards de francs.

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