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Le National ne veut pas de contrôles systématiques aux frontières

(Keystone-ATS) Lors du débat spécial sur la crise migratoire, le Conseil national n’a adopté jeudi aucune mesure supplémentaire qui n’ait déjà été mise en oeuvre par le gouvernement. Pas question d’introduire des contrôles systématiques aux frontières.

Parmi une foule de propositions diverses, l’idée de l’UDC d’instaurer des contrôles systématiques aux frontières est celle qui a fait le plus réagir lors de la session extraordinaire demandée par les démocrates du centre. Tous les partis du PLR aux Verts ont été unanimes à souligner le caractère irréaliste d’un tel projet. Celui-ci a été rejeté par 111 voix contre 73.

“Introduire des contrôles systématiques aux frontières signifierait contrôler 750’000 personnes et 350’000 voitures par jour tout comme 75’000 voyageurs dans les aéroports suisses”, a rappelé Cesla Amarelle (PS/VD). “Même dans le bon vieux passé, on ne rêvait pas d’une telle pratique”, a renchéri Lorenz Hess (PBD/BE).

Pour nombre de députés, cela bloquerait des milliers de travailleurs à la douane ce qui paralyserait les hôpitaux et des centaines d’entreprises qui emploient du personnel transfrontalier. En outre, une telle mesure pousserait des passeurs à traverser la frontière par des petits chemins, selon Isabelle Moret (PLR/VD).

Pas d’alternative à Schengen

“Il ne suffit pas de critiquer la mise en oeuvre de Schengen/Dublin si on n’a pas d’alternative à proposer”, a lancé à l’adresse du parti conservateur Kurt Fluri (PLR/SO) . La majorité estime également qu’il n’est pas du ressort de l’armée de surveiller la frontière. Pas question de voir les soldats attraper des clandestins ou procéder à l’enregistrement de requérants d’asile.

L’UDC n’a rien pu faire devant ce concert de critiques, qualifiant l’attitude du Parlement face à la crise migratoire de “capitulation”, selon les mots d’Adrian Amstutz (UDC/BE). “Certes on ne peut pas contrôler tout le monde, mais commençons déjà à contrôler, plutôt que de ne rien faire”.

Pour la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga, la Suisse n’est finalement pas si mal lotie et maîtrise la situation, comparé aux autres pays comme la Grèce, l’Allemagne ou l’Autriche qui ont vu débarquer des centaines de milliers de réfugiés. Il n’y a donc pas lieu de convoquer l’armée en l’état. Cette question est de toute façon analysée chaque semaine par un organe comprenant le Secrétariat d’Etat aux migrations, fedpol et le service de renseignement notamment.

Pas de permis S

Les députés ne sont pas davantage entrés en matière (par 156 voix contre 31) sur l’idée du PLR Kurt Fluri d’accorder la protection provisoire (soit le statut S) aux requérants d’asile érythréens. La cheffe du Département fédéral de justice et police craint qu’un tel permis n’attire encore plus de réfugiés, car il reporte à plus tard l’examen de l’octroi de l’asile. En outre, cet outil est réservé aux situations d’afflux massif, une situation non avérée en Suisse aujourd’hui.

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