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Le nouveau pouvoir birman fait libérer des dizaines de prisonniers

(Keystone-ATS) Plusieurs dizaines d’étudiants birmans, en prison depuis un an après une manifestation pacifique, ont été libérés vendredi. Cette mesure est intervenue au lendemain d’une promesse d’Aung San Suu Kyi de faire des prisonniers politiques une priorité.

Dès les premières heures du jour, des dizaines de familles et de proches s’étaient massés aux abords des prisons birmanes et notamment à Tharrawaddy, où étaient détenus les étudiants arrêtés en mars 2015 pour avoir manifesté contre une réforme de l’éducation.

Après des heures d’attente, la décision, tant attendue, est finalement tombée: “Vous êtes tous les 69 libérés de toutes les poursuites engagées contre vous”, a annoncé Chit Myat, le juge du tribunal de Tharrawaddy en milieu d’après-midi.

Une déclaration accueillie par des cris de joie, des chants et des larmes.

Prisonniers politiques

Certains étudiants, dont la meneuse étudiante Phyo Phyo Aung, devront cependant encore dormir en prison puisqu’ils sont toujours poursuivis par d’autres tribunaux.

Plusieurs étudiants libérés ont, dès leur sortie de prison, tenu à se rendre dans un cimetière des alentours, sur les tombes d’étudiants tués lors de manifestations à l’époque de la junte, dans un pays où le militantisme étudiant est une force politique importante.

L’annonce de la Dame de Rangoun jeudi, laissant entendre qu’une amnistie de masse était imminente, avait fait naître un immense espoir dans un pays qui comptait encore, vendredi matin, plus d’une centaine de prisonniers politiques dont les étudiants.

Aung San Suu Kyi aussi

Dans sa première directive officielle en tant que conseillère d’Etat spéciale, Aung San Suu Kyi, aussi chef de la diplomatie, avait écrit qu’elle “allait oeuvrer pour la libération immédiate des prisonniers politiques, des militants politiques et des étudiants poursuivis en justice pour des raisons politiques”.

Son gouvernement, qui a pris ses fonctions la semaine dernière après des élections historiques en novembre 2015, était très attendu sur cette question des prisonniers politiques.

De nombreux membres de la Ligue nationale pour la démocratie (NLD) ont connu l’emprisonnement politique et Aung San Suu Kyi, elle-même, fut maintenue près de 15 ans en résidence surveillée à l’époque de la junte.

Satisfaction

Depuis 2011 et la mise en place d’un gouvernement semi-civil en 2011, des dizaines de prisonniers politiques ont été libérés mais certains restaient détenus. Et l’ancien gouvernement avait donné un tour de vis avant les élections de novembre et fait arrêter des dizaines de contestataires.

Les étudiants emprisonnés, depuis la manifestation réprimée de mars 2015, constituaient une bonne partie de ce contingent. Certains d’entre eux risquaient jusqu’à dix ans de prison.

“Nous sommes ravis de voir que le nouveau gouvernement de la NLD a franchi le pas et libéré des prisonniers. Il a bien tenu ses promesses d’en faire l’une de ses priorités”, a déclaré Phil Robertson, directeur adjoint en Asie de Human Rights Watch. “Le nouveau gouvernement doit s’assurer qu’aucun prisonnier de conscience ne reste en prison”, a renchéri Laura Haigh pour Amnesty International.

D’après l’Association d’assistance aux prisonniers politiques (AAPP), avant cette libération, 121 prisonniers politiques étaient incarcérés en Birmanie et 408 militants en attente de procès pour des actions politiques.

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