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Le Pakistan veut autoriser la chasse d’un oiseau menacé

(Keystone-ATS) Le gouvernement pakistanais a réclamé jeudi à la Cour suprême de revenir sur son interdiction de chasser l’outarde houbara, un oiseau du désert en voie de disparition. De riches princes du Golfe viennent chaque hiver chasser ce volatile au Pakistan.

Cette habitude a déclenché une controverse qui met en lumière l’importance des relations traditionnellement fortes entre le Pakistan et ses alliés du Golfe, notamment l’Arabie saoudite.

La viande de ce petit échassier est prisée par les ressortissants du Golfe. De riches cheikhs se rendent chaque hiver au Baloutchistan, dans le sud-ouest pakistanais, pour le chasser au faucon.

En août, la Cour suprême avait banni la chasse à l’outarde houbara, une décision saluée par les partisans de la protection de la faune sauvage.

“Pierre d’angle de la politique extérieure du Pakistan”

Mais le gouvernement fédéral pakistanais et l’exécutif de la province du Baloutchistan ont demandé à la Cour de revoir cette décision. Le procureur-général adjoint a fait valoir jeudi qu’une chasse contrôlée est “un outil de préservation (de l’espèce) et devrait donc être autorisée”.

“Les efforts de protection ne peuvent être couronnés de succès s’ils n’ont pas de retombées économiques positives pour la communauté” a déclaré M. Rehman à un comité de trois membres dirigé par le président de la Cour suprême Anwar Zaheer Jamali.

Le ministère des Affaires étrangères avait estimé dans un argumentaire en octobre qu’inviter des dignitaires arabes à chasser était une “pierre d’angle de la politique extérieure du Pakistan”.

Islamabad continue de délivrer des permis

La Cour a renvoyé l’affaire à une audience dans trois semaines. Elle demande davantage de données sur le nombre d’oiseaux existant à l’état sauvage dans le pays et les efforts faits pour les protéger.

L’union internationale pour la protection de la nature a classé l’outarde houbara sur sa “liste rouge” des espèces menacées d’extinction, estimant qu’il en reste moins de 97’000 dans le monde à l’état sauvage.

Un tribunal provincial du Baloutchistan a annulé l’an dernier tous les permis de chasse pour la province, mais le gouvernement fédéral dirigé par le Premier ministre Nawaz Sharif – qui cultive sa proximité avec Ryad – continue de délivrer des permis.

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