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Le pape François salue Benoît XVI et crée de nouveaux cardinaux

(Keystone-ATS) François a salué chaleureusement samedi son prédécesseur Benoît XVI à son entrée dans la basilique Saint-Pierre pour y créer vingt nouveaux cardinaux. De blanc vêtu, amaigri, le pape émérite Joseph Ratzinger, 88 ans, était assis au premier rang au milieu d’une rangée de cardinaux habillés de rouge lors du deuxième consistoire du pontificat du pape François.

Benoît XVI s’est levé de sa chaise quand le pape a quitté la procession pour venir le saluer. Ils se sont longuement serré les mains, en souriant, échangeant quelques propos ensemble.

Le pape à la retraite a été présent à plusieurs reprises lors des plus importantes cérémonies de l’Eglise, comme la double canonisation de Jean-Paul II et de Jean XXIII en avril dernier.

Lors de cette cérémonie à Rome, le pape François a créé vingt nouveaux cardinaux venus des cinq continents, pour la plupart des hommes engagés socialement, confirmant le tournant d’une Eglise où les Européens n’ont actuellement plus la majorité absolue.

Le collège cardinalice compte désormais 227 membres, dont 125 cardinaux électeurs.

Les “15 maladies”

Avant de poser la barrette (chapeau rouge à quatre côtés) sur la tête de chaque cardinal à genoux devant lui, Jorge Bergoglio les a appelés à tenir bon dans leur société, avec “une ferme dénonciation de l’injustice et un service joyeux de la vérité”. Il leur a aussi demandé d’être “attentifs aux situations particulières” des personnes en difficulté.

“Aimez ce qui est grand sans négliger ce qui est petit”, a-t-il recommandé aux hommes qu’il a choisis et qui sont censés former l’élite de l’Eglise. En devenant cardinaux, ils s’engagent là où ils sont à aider le pape en sacrifiant jusqu’à leur vie (d’où la couleur rouge de leur habit).

S’inspirant des 15 “maladies” menaçant les responsables dans l’Eglise, le pape a appelé les nouveaux promus à “ne pas se gonfler d’orgueil” et “se libérer du risque mortel de la colère entretenue, couvée à l’intérieur”. Il les a mis en garde contre le piège d’une attitude “autocentrée”. “Celui qui est autocentré cherche inévitablement son propre inérêt; cela lui semble normal, presque un dû”, a déclaré le pape.

En décembre, il avait dénoncé les intrigues, la corruption ou le détachement de la réalité parmi les “maladies” de la curie romaine.

Cardinaux “des périphéries”

Les cardinaux électeurs provenant du continent européen ne seront plus majoritaires. Ils ne représentent plus que 57 cardinaux électeurs sur 125, soit 45 %. Dix-huit proviennent d’Amérique du Nord (Mexique compris), 18 d’Amérique latine, 15 d’Afrique, 14 d’Asie et trois d’Océanie.

Le pape a conféré la pourpre cardinalice à des “pasteurs”, des hommes de terrain, souvent courageux, des “périphéries” de l’Eglise. Pour la première fois, les îles Tonga, en la personne de Soane Patita Paini Mafi, 53 ans, plus jeune cardinal du Sacré collège, mais aussi le Cap-Vert, la Birmanie et le Panama, auront un cardinal.

En choisissant Francesco Montenegro, 68 ans, archevêque du diocèse sicilien d’Agrigente et donc de l’île de Lampedusa, homme très engagé pour les droits des migrants traversant la Méditerranée, François a réaffirmé sa priorité contre la traite des êtres humains.

Le pape n’a nommé aucun Américain du Nord et a rompu avec la tradition qui voulait que certains responsables de la curie ou certains titulaires d’archevêchés prestigieux comme Venise soient automatiquement promus.

Il a préféré en l’occurrence choisir des évêques qui prennent des risques, s’engageant pour la paix comme l’a fait au Mozambique Júlio Duarte Langa, archevêque émérite de Xai-Xai, ou Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun. De même, il a choisi Alberto Suarez Inda, archevêque de Morelia, qui travaille pour la pacification du nord du Mexique ravagé par la guerre interne du trafic de drogue.

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