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Le Parlement dit “non” à une hausse de 10% des rentes AVS

(Keystone-ATS) Le Parlement ne veut pas d’une hausse de 10% des rentes AVS. Après le Conseil des Etats, le National a rejeté mercredi par 131 voix contre 49 l’initiative “AVSplus” des syndicats et de la gauche. Seuls le PS et les Verts l’ont soutenue. Le peuple aura le dernier mot.

Le texte nuit à l’économie: il entraînerait une hausse des dépenses de l’AVS d’environ 4 milliards de francs par an, voire de 5,5 milliards d’ici 2030, a fait valoir Ignazio Cassis (PLR/TI) au nom de la commission.

Des charges à compenser via une augmentation des cotisations salariales de 0,4% pour les employeurs et 0,4% pour les employés, a renchéri Sebastian Frehner (UDC/BS).

L’initiative pourrait même péjorer la situation des rentiers, a averti Isabelle Moret (PLR/VD). Le supplément de 10% serait imposable et leurs prestations complémentaires pourraient baisser.

Cette initiative ne profiterait pas aux pauvres, mais aux plus aisés, un “bel autogoal de la gauche”, a fustigé la Vaudoise. “C’est un instrument antisocial sous presque toutes ses coutures, une politique de l’arrosoir qui manque sa cible.”

Financer les baby-boomers

Cette initiative ne répond pas au problème que pose le vieillissement démographique pour les assurances sociales, a de son côté soulevé Martin Candinas (PDC/GR). Au contraire, elle décuplerait l’ampleur du défi financier qui les attend.

“Vous me direz que le Conseil fédéral a toujours peint le diable sur la muraille, mais cette fois c’est différent. A partir de 2020, une génération entière arrive à la retraite”, a mis en garde le ministre des affaires sociales Alain Berset.

“Pourquoi n’augmenter que les rentes AVS? On pourrait faire de même pour les salaires? Puis baisser les loyers”, a embrayé Hans-Ueli Vogt (UDC/ZH) gouailleur. Finalement, “tout devrait être gratuit”, l’Etat est là pour payer.

Quand il s’agit d’allègements fiscaux, on se montre beaucoup plus généreux, a vilipendé la coprésidente des Verts Regula Rytz (BE). La deuxième réforme de l’imposition des entreprises a rapporté 1000 milliards de francs aux actionnaires, a martelé Margret Kiener Nellen (PS/BE), brandissant une pancarte avec le chiffre inscrit dessus.

Pas vivable

L’initiative populaire “AVSplus: pour une AVS forte” a été déposée en décembre 2013 avec près de 112’000 signatures. Elle veut revaloriser le poids de l’assurance vieillesse et survivants (AVS) dans le système des retraites.

Le camp bourgeois préfère miser sur le projet de prévoyance vieillesse 2020 d’Alain Berset. Celui-ci englobe déjà premier et deuxième piliers. L’exécutif n’a d’ailleurs pas proposé de contre-projet au Parlement.

La réforme vise le relèvement de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans, un financement complémentaire de l’AVS par une augmentation maximale de la TVA de 1,5 point, ainsi que l’abaissement du taux de conversion du capital de prévoyance professionnelle en rente de 6,8 à 6% en quatre ans.

Les rentes versées actuellement s’étalent entre 1170 francs par mois et 2340 francs (3510 francs pour les couples), a rappelé Silvia Schenker (PS/BS). Or elles ne suffisent pas. “Comment vivre avec le minimum de 1170 francs par mois?”, a-t-elle interrogé.

“Les rentes AVS n’ont plus augmenté depuis 1975”, a poursuivi Roger Nordmann (PS/VD). Or avec une hausse de 10%, les personnes seules verraient leur revenu s’accroître de 200 francs par mois et les couples de 350 francs.

Et plusieurs députés de gauche d’insister au fil de près de six heures de débat: un relèvement des cotisations de 0,4% est “tout à fait supportable”.

Pauvreté inacceptable

Pour deux tiers des rentiers, l’AVS constitue le principal, voire le seul revenu, a remarqué Bea Heim (PS/SO). Quant aux prestations complémentaires, le nombre de retraités à y recourir ne cesse d’augmenter, a développé Denis de la Reussille (POP/NE).

Ils sont chaque année 5000 en plus. Genève, La-Chaux-de-Fonds ou Le Locle ont même dû introduire des prestations complémentaires communales, a-t-il illustré.

Il est inscrit dans la constitution que les rentes AVS doivent maintenir le niveau de vie antérieur à la retraite. Or de nombreux rentiers vivent dans la pauvreté, a critiqué Mathias Reynard (PS/VS). “C’est inacceptable dans un pays aussi riche que la Suisse.”

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